The Morning Becomes Eclectic Session
Spain
L’enregistrement de cette session de Spain dans les studios de la radio californienne KCRW, c’est typiquement le genre d’album au sujet duquel on n’a vraiment pas grand-chose à dire. Parce que, aussi élégant et irréprochable puisse-t-il être, le groupe de Josh Haden n’est pas vraiment du genre à revoir sa copie sur les planches. Son slowcore trempé dans le spleen, il se borne à le reproduire à quelques détails près. Mais voilà, à une époque où le moindre comeback fait turbiner la machine à hype, on se doit de mettre sous les projecteurs cet EP, signé par un groupe qui s’est payé un retour trop discret mais carrément réussi l’année dernière avec The Soul of Spain, le tout après une petite dizaine d’années de silence. Cette absence totale de couverture médiatique, on la compense donc comme on peut en consacrant quelques lignes à cet EP composé de sept titres, qui piochent dans les différents albums du groupe. Sept titres d’une rare sobriété, mais qui remplissent l’espace et fendent nos cœurs sans se sentir obligés d’en faire des tonnes. Pas de pathos forcé ou de sentimentalisme exacerbé ici: on est dans une émotion brute qui ne peut être compensée que par un songwriting d’une infime délicatesse. Sept titres qui transpirent la tristesse par tous les pores, s’articulant autour de mélodies mortifères et de la voix chaude de Josh Haden. Disque qui plaira autant au fan de la première heure qu’à l’oreille curieuse qui a peut-être entendu parler des exploits d’antan des Américains (The Blue Moods of Spain, probablement), The Morning Become Eclectic Sessions est de ces disques complexes sur le fond, mais fluides dans leur forme. Mais ça, les fans de Spain le savent déjà. A ceux qui découvrent le groupe avec cette bafouille d’aller juger sur pièce.