The Meanest of times
Dropkick Murphys
Dans le paysage punk-rock contemporain, les Bostoniens de Dropkick Murphys font largement office de valeurs sûres et, à l’instar de leur ex-compatriotes de label, Rancid, ceux-ci travaillent leur réputation dans une continuité exemplaire. Finie donc la collaboration avec Hellcat Records (label du monument Tim Armstrong), les Dropkick persévèrent sans surprise dans le revirement musical amorcé par The Warrior’s Code, accentuant encore un peu plus leur attachement pour les sonorités traditionnelles irlandaises.
Les vieux fans de la première heure devront à nouveau ranger leur frustration dans un coin de leurs kilts car, comme dit plus haut, on est loin du retour à des albums injectés de street-punk (Do or Die ou le mythique Sing Loud, Sing Proud entre autres) auxquels le groupe nous avait longtemps habitués. L’usage intensif des instruments traditionnels renvoie ainsi les Dropkick à leur nature première : un esprit de fête contenu sous ses formes les plus diverses au travers de la discographie complète du groupe, concentré ici dans une version éthyliquement exacerbée. Mais autant le dire d’emblée, The Meanest of Times n’en demeure pas moins un de ces brûlots punk-rock rempli de sing along, de compositions brillantes, énergiques et calibrées pour plaire dès la première écoute. Un charme instinctif qui cache des structures fouillées et techniquement au sommet, sorte d’apogée de toutes ces années passées à expérimenter ce qui se fait de mieux en la matière. Les seize titres en présence se jouent vite et bien, toujours coincés entre une batterie supersonique (avec un Matt Kelly époustoufflant derrière les fûts) et des soli rockabilly joussifs, entre une voix toujours aussi braillarde et des riffs affûtés comme une lame de rasoir.
Un album de cette trempe amène sans plus de difficultés son lot de bombes immortelles, et « Tommorrow’s Industry », « Johnny, I Hardly Knew Ya », « Flannigan’s Ball », « I’ll Begin Again » ou encore « Surrender » viennent compléter, s’il le fallait encore, l’innombrable quantité de décharges folk-punk desservies par le groupe au cours de leur foisonnante carrière. Cette carrière même qui semble trouver dans The Meanest of Times son point d’orgue, imposant point de convergence de ses influences, qui synthétise à merveille le travail acharné mené par le crew après huit albums sans faille voués à la cause punk-rock. Une évolution parfaite qui transcende finalement les Dropkick pour un résultat au-delà de toutes les attentes possibles.
Du temps a coulé sur la cuirasse des Bostoniens, et il faut commencer à penser que ce The Meanest of Times s’apparente au disque de la maturité du groupe. Une maturité qui, à tort de faire basculer leurs idéaux d’antan, renforce encore un peu plus leurs bases premières, faisant d’eux les légendes qu’ils sont. Chapeau bas.