The Machine is burning and now everyone knows it could happen again

BRUIT ≤

Pelagic Records – 2021
par Adrien , le 25 avril 2022
9

Quatre morceaux pour 40 minutes de musique instrumentale entrecoupée de spoken word, des saillies épiques qui se changent en moments de grâce, rythmant un voyage mélancolique empreint de critique sociétale et d’une poésie désabusée : jusque dans son titre, The Machine is burning and now everyone knows it could happen again semble cocher toutes les cases du post-rock racé. Mais réduire la proposition des Toulousains de Bruit à sa filiation apparente avec des groupes comme Godspeed You! Black Emperor serait risquer de passer complètement à côté de ce remarquable premier album, diffusé en avril 2021 au format numérique (uniquement sur Bandcamp) et réédité physiquement ce 22 avril 2022 sur Pelagic Records

Bien loin de recracher ses influences, le disque les digère en une fresque anti-capitaliste centrée sur le paradoxe nature/culture et dépeignant tour à tour la folie du système (« Industry » et sa patine froide et digitale, clos par la voix humaniste d’Albert Jacquard), la sortie de son étreinte et la reconnexion au vivant (« Renaissance », ballade folk apaisante et passerelle entre monde acoustique et numérique), l’harmonie éphémère qui en résulte (« Amazing Old Tree », hypnotique et organique, qui flirte avec l’ambient) et le retour insensé au début du cycle (le mur de son « The Machine Is Burning », à la fois apogée et synthèse de l’album).

Les quatre morceaux se répondent comme quatre saisons, chacune avec ses sonorités, tantôt massives, tantôt expérimentales, tantôt éthérées, comme autant de facettes du rock instrumental véhiculant chacune leurs émotions sans qu’aucune note ne semble jamais laissée au hasard. Basse, guitare, violon, claviers, batterie, violoncelle et textures électroniques se lient et se délient dans des progressions et des arrangements millimétrés qui marient ombre et lumière et emplissent tout le spectre jusqu’à pratiquement le saturer lors de climax imposants. 

On ne voit pas très bien ce que l’on pourrait reprocher à The Machine is burning and now everyone knows it could happen again. Immersif, inspiré, délicat et puissant, le premier album du quatuor français impressionne par sa maîtrise technique, son équilibre et la profondeur des paysages sonores qu’il évoque au travers de sa richesse stylistique. Le groupe n’a définitivement de bruit que le nom.