The Long Goodbye
LCD Soundsystem
LCD Soundsystem est un groupe particulier. En 10 ans de carrière, 3 albums studios et quelques autres enregistrements (dont 45:33 ou les London Sessions), James Murphy et sa bande ont réussi à atteindre le statut de groupe culte, sans pour autant exercer une réelle influence sur la musique actuelle. Est-ce que le dance-punk dont ils étaient les premiers représentants constitue un mouvement musical important ? Pas vraiment, et encore moins si on ne prend pas en compte le label DFA dudit James Murphy. Est-ce que les sons typiques du groupe (beats et basse oscillant entre kraut et funk, claviers touchant à l'acid, guitares et voix en appelant à une énergie punk) se retrouvent dans la musique mainstream contemporaine ? On ne peut pas vraiment dire ça. On est loin de l'influence des Neptunes, des Sex Pistols ou de Joy Division. Pourtant, la quarantaine de morceaux produits par LCD Soundsystem fait partie de ce qui est arrivé de mieux à la musique des années 2000. Et The Last Goodbye, captation live de leur dernier concert au Madison Square Garden à New-York, est un bon témoignage pour la postérité de cette anomalie dans la grande famille de la musique électronique.
Résumer les 3 heures de ce disque n'est pas chose aisée. Et en même temps, tout peut déjà être dit en écoutant les deux premiers titres du concert, les mêmes deux titres qui ouvrent This Is Happening, le dernier album studio du groupe. "Dance Yrself Clean" d'abord, une bombe dansante pleine d'énergie et de coolitude, sorte de réponse ensoleillée à la techno qui tire sa puissance d'une énergie souvent très sombre. Oui, on peut faire des morceaux qui donnent autant envie de sourire que de sauter comme un lunatique sur les pistes. "Drunk Girls" ensuite, qui démontre que le groupe a pu évoluer de faiseur de titres dance efficaces à compositeur de chansons pop grâce à une écriture qui n'a rien à envier à beaucoup de groupes de pop à guitare.
Bien sûr, tout est loin d'être parfait sur ce disque, à l'image de l'ensemble de la discographie du groupe. Certains morceaux tombent à plat, comme "I Can Change" ou "Too Much Love", mais beaucoup d'autres bénéficient énormément de l'énergie du live ("Daft punk Is Playing At My house", "You Wanted A Hit"). Si certaines interprétations manquent parfois de précision (par exemple "Losing My Edge"), cela se fond généralement dans l'énergie contagieuse qui se dégage de l'ensemble de l'enregistrement (et qu'on comprend mieux en regardant le docu Shut Up and Play the Hits), quand ce n'est pas largement rattrapé par des sections de cuivres bien exploitées ("Freak Out/Starry Eyes"). Les guests (Arcade Fire sur "North American Scum", quand même) s'avèrent superflus : le groupe s'amuse avec ou sans eux, le public danse, et nous avec eux, même si c'est juste dans notre salon.
En 1998 sortait le documentaire Meeting People Is Easy, où Grand Gee suivait Radiohead pendant leur tournée Ok Computer. Presque 15 ans plus tard, Shut Up and Play The Hits suivait James Murphy pendant les 48 heures précédant le concert enregistré sur The Last Goodbye. Le documentaire aurait pu s'appeler "Making People Dance Is Easy" tant ce qui ressort de ce concert, c'est l'aisance avec laquelle LCD Soundsystem a réussi, pendant 10 ans, à faire se trémousser des milliers de personnes sur les pistes.