The Invisible Way
Low
Ça commençait plutôt bien. Avec cette phrase du titre d’ouverture: "And now they make you piss into a plastic cup and give it up". On se disait "Revoilà le Low de Drums And Guns, ou de certains titres de The Great Destroyer. Celui qui a envie d’en découdre, de prendre des risques et d’aborder des thèmes pas forcément très fleur bleue." Car The Invisible Way arrive après un C’Mon en demi-teinte, pas désagréable mais pas à la hauteur de la profonde remise en question que fut Drums and Guns, après laquelle on s’était préparé à plus d’action.
Confier la production à Jeff Tweedy n’était pas une mauvaise idée en soi, tant on sait l’esprit du bonhomme particulièrement tortueux, mais on n’aurait pas imaginé un album à ce point terne et plan-plan. Alors certes il y a un parti-pris clair comme sur plusieurs albums du groupe, à savoir le choix du tout acoustique et le rangement au placard des guitares électriques et des pédales de distortion. Sur le papier, là encore cela aurait pu fonctionner, surtout au vu du talent mélodique et vocal hors-pair du duo Mimi Parker-Alan Sparhawk.
Mais le problème, c’est qu’on se fait sacrément chier à l’écoute de The Invisible Way. Ça ne décolle pas et ça ne veut pas décoller. Les morceaux se laissent écouter mais ça rentre aussi vite que ça ressort, et au final on n’a aucune raison de vouloir réécouter ce dixième album. Tout est terne et sans saveur, et c’est à se demander si le Retribution Gospel Choir n’a pas pompé toute l’énergie vitale d’Alan, le laissant se reposer les oreilles et la voix affalé sur le canapé du salon en sirotant des laits-fraises.
On ne souhaite pas à Low le même sort qu’à tant d’autres groupes qui après une certaine durée de vie se laissent aller à des albums pantouflards, sans surprises ni émotions, pris dans une routine qui tue l’excitation du privilège qu’est la force de pouvoir créer et proposer une œuvre. On espère donc vivement que la parenthèse C’Mon/The Invisible Way se refermera bien vite et que l’on verra rapidement le groupe de Duluth retrouver le supplément d’âme et les grands sommets qu’il a si souvent côtoyé par le passé.