The Inside Laws
A Second Of June
Just Fontaine avait coutume de dire "premier poteau, premier servi". Si on se risque à une analogie entre le foot et une carrière en musique, Just Fontaine conseillerait à tous les jeunes groupes en devenir de se manifester avant les autres, de prendre les devants et de faire un bel appel pour se faire remarquer à la première occasion.
Just serait de fait certainement très fier des Strasbourgeois de A Second Of June, qui convertissent sans frémir leur première action de but grâce à un positionnement brillant. Mais malgré leur réussite insolente, ceux-ci ne sont pas du genre à mettre leur maillot sur la tête et à danser autour des poteaux de corner. Leurs racines sont cold-wave, shoegaze et new-wave, pas tellement carioca. L'univers de A Second Of June est sombre, un peu clinique, mais pas tellement justement et c'est là précisément l'originalité de leur projet : réchauffer la froideur 80's, réhumaniser les fantômes. Tout le matériel utilisé renvoie à Joy Division, à Suicide, aux Cure période Pornography et même à Bauhaus. Pourtant dans la voix de Grégory Peltier, il y a à la fois une forme d'hommage aux icônes glauques et une expression mélancolique plus pop, plus ouverte au partage. Cela se transcrit par une musique 80's référencée mais pas calquée, fascinée par le morbide mais pas les deux pieds dedans.
The Inside Laws est un premier album de très haute volée, sobre et réfléchi, efficace et cérébral. C'est aussi un disque lucide et très contemporain qui revendique son amour pour Jeremy Jay, Grizzly Bear et The Chromatics. Mais on n'avait même pas besoin qu'ils nous le disent, il est à l'oreille évident que A Second Of June est un groupe d'aujourd'hui et qu'il sera un groupe de demain, de par la finesse de leur premier bébé et de la classe qui se dégage de ce groupe simple, humble et foutrement doué. On peut même espérer qu'il marque treize buts lors du prochain album...