The House That Dirt Built

The Heavy

Counter Records – 2010
par Gwen, le 8 janvier 2010
8

La dinde est digérée, le sapin attend son heure sur le trottoir, les guirlandes se retrouvent bradées dans les vitrines. Après un rapide coup de balais et un tour de vaisselle, on s’apprête à inaugurer une nouvelle décennie. Cependant, il subsiste l’une ou l’autre jolie découverte millésimée 2009 qui mérite leur coup d’oeil dans le rétroviseur. Afin de soigner cette mauvaise gueule de bois qui persiste à jouer du carillon à l’arrière de vos orbites, la maison vous conseille chaleureusement The House That Dirt Built.

Dès leur premier album, Great Vengeance And Furious Fire, les Britanniques de The Heavy avaient enjambé l’Atlantique pour ratisser ce que la musique black américaine avait offert de meilleur durant ces 60 dernières années. Ils l’avait ensuite aspergé d’un cocktail maison à base de samples et autres combines, lui appliquant un joli vernis tout frais. Tout juste un peu trop lisse, se plaindront les esprits tatillons. 

Toujours abrités dans l’une des annexes de l’incontournable label Ninja Tune, The Heavy nous revient avec un pur "feel good album" qui poursuit son étude du groove intemporel. Au creux de ces onze titres se lovent les spectres de James Brown, The Specials ou Screamin' Jay Hawkins. Autour d'un grandiose feu de joie, ils vont invoquer les grands esprits du funk, du blues, du reggae et même du rock hendrixien. Sans complexe, The Heavy se permet ainsi de parachuter Curtis Mayfield au beau milieu d’un western spaghetti (“Short Change Hero”). Ils osent également un clin d’oeil ouaté au Led Zep (“What You Want Me To Do?”) et un pinçage de fesses tout en cuivres aux Stooges (“Oh No! Not You Again!”). Si il nous faut vraiment leurs désigner un talon d’Achille, la ballade “Stuck” paraît quelque peu insipide pour clôre une telle parade.

Il serait tellement simple de faire appel aux bonnes recettes rétro qui maintiennent l’auditeur dans une tiédeur confortable mais The Heavy a l’habileté d’alourdir un poil sa batterie, d’encrasser un minimum sa voix, de violenter un peu ses choeurs afin de ramener le propos au 21ème siècle. En prime, on distinguera une complice de charme puisque Shingai Shoniwa des Noisettes vient énergiquement soutenir trois morceaux.

En bref, cette petite rondelle effervescente signée The Heavy permettra de rétablir la circulation de vos membres inférieurs, de dissiper les raideurs musculaires et de mettre au repos les tympans martyrisés pas un excès de danse des canards. Aucune contre-indication.

Le goût des autres :
7 Julien Gas