The Great Calm
Whispering Sons
Si on considère encore aujourd'hui Whispering Sons comme un groupe relativement récent du fait que son premier album est sorti il y a 6 ans, sa barque affronte en réalité la déferlante post-punk depuis plus d’une décennie et propose à chaque sortie une musique qui séduit au point d’en faire probablement l’un des groupes belges les plus singuliers. Le quintet a toujours su nous bousculer grâce à des compositions marquées par la voix grave de Fenne Kuppens, qui brouille les pistes du genre, et des ambiances goth déjà présentes sur Image en 2018, et encore davantage surlignées sur Several Others en 2021. Deux premiers disques qui se rejoignaient dans la démarche initiale tout en se différenciant dans le rendu final.
The Great Calm n'est pas un album facile d'accès. Pire encore, des premières écoutes trop distraites pourraient laisser penser qu'on tient là un disque incohérent ou, pire encore, paresseux. Mais c’est faire un bien mauvais procès au groupe. En réalité, dès les premières minutes, le disque annonce plus de couleurs et se veut davantage nuancé que ses prédécesseurs. « Standstill » rappelle certes le genre cher au groupe mais la suite propose une variété stylistique et rythmique à laquelle Whispering Sons n’avait que peu habitué son auditorat, allant même jusqu'à proposer des choses joyeuses - imaginez vous - sur le bien nommé « Something Good ».
La richesse de The Great Calm réside dans ces allers-retours entre tradition et prise de risque, entre pesanteur et légèreté, entre pureté et saturation. Ainsi « Walking, Flying » débute sur une ligne de basse qui étire une note avant de donner une nuance mélodique et rythmique du plus bel effet. « Cold City », quant à lui, opte pour un thème de clavier renvoyant à une atmosphère de B.O. lynchéenne alors que « Dragging » se démarque par son refrain à l’accroche indéniable. Et si les compositions sont de qualité égale, il est aussi bon de souligner l’intelligence du tracklisting et l’enchainement, parfois surprenant, de certains morceaux. Le bel exemple vient avec « Balm (After Violence) », dont les percussions crasseuses dignes de Nine Inch Nails, qui se fond dans un « Poor Girl » débutant avec une ligne de guitare au son chaud et clair presque post-rock.
The Great Calm propose un véritable voyage dans le savoir-faire que Whispering Sons a accumulé au fil des années. Les choix artistiques posés sont osés, ce qui est à saluer venant d'un groupe qui aurait pu continuer à creuser le même sillon, surtout que celui-ci plaisait et aurait pu correspondre à une forme de logique commerciale confortable. Un dernier album qui témoigne donc parfaitement de la maturité et l'intelligence d'une proposition où passé et présent se conjuguent pour que l’ensemble soit supérieur à la somme de ses parties.