The Festering Dwellers
Shrieking Demons

Cette chronique sera bien entendu l’occasion de se payer en détail l’addition autour de ce très bon premier album des Italiens de Shrieking Demons, mais également de déclarer notre amour véritable à Transcending Obscurity Records. Nouvelle dans notre spectre journalistique – ce qui ne veut pas dire grand-chose – l’écurie basée en Inde est en train d’aligner les perles avec une facilité rare. Découverte au moment de la sortie du très bon The Duality of Decapitation and Wisdom de Veilburner, on ne cesse de revenir encore et toujours sur leur Bandcamp, afin de se persuader au quotidien qu’on est tombé sur un petit pépito. Reconnue premièrement pour leur goût très prononcé pour les belles choses gravitant autour du death metal, Transcending Obscurity Records va partout où les musiques extrêmes sont de qualité. Avec un soin du détail et une dévotion sans pareille, les Indiens mettent sans cesse en avant des formations qui n’ont sans doute pas encore les épaules assez larges pour jouer parmi les écuries de seigneurs (Relapse, Profound Lore, Metal Blade, 20 Buck Spin, Season of Mist, Nuclear Blast,…), mais qui font les choses avec un cœur ardent. Vous me direz, et vous aurez peut-être raison, que des labels indépendants de metal de la sorte il en existe des dizaines et que le travail accompli ici s’inscrit dans la grande tradition des labels charbonneurs à souhait. Vous aurez probablement encore raison, mais il existe dans le travail de cette structure quelque chose d’intensément vibrant et d’à ce point honnête qu’on ne pouvait que tirer notre révérence pour le bien qu’il rend à la communauté metal dans son ensemble.
Et c’est de nouveau une histoire qui se répète avec The Festering Dwellers, premier album des inconnus de Shrieking Demons. Repérés après une unique démo de seize minutes en 2021 sur Caligari Records, les Italiens signent en toute détente un premier album sur notre nouveau label préféré – on se demande quand même selon quel agenda ce genre de découverte et de promotion se réalisent avec succès. Et une fois de plus, le label fait ce qu’il sait faire de mieux : mettre en avant des groupes qui frappent un cran au-dessus de leur catégorie de poids. Si on devait essentialiser, The Festering Dwellers est un simple disque de death metal old-school : dix titres, quarante minutes avec une interlude au milieu. Le rituel est aussi respecté au niveau des influences. On est dans du Autopsy/Death pur jus. Sauf que punaise, c’est quand même très, très, bien fait.
Pas de surjeu ici, tout se fait à l’intelligence et à la simplicité. Derrière ces dix titres se cache une lecture parfaite de ce qui a fait les trente-cinq dernières années de ce qu’on appelle l’old school death metal. Une relecture attentive et détaillée, comme si c’était devenu un jeu d’anticiper ce qui serait le plus douloureux à chaque fois qu’il s’agit d’anticiper les breaks, les solos complètement décadents (« Abstract Hallucinating ; », sans conteste le meilleur titre de l’album, ou « Apostasy, Sodomy and Sacrilege »), l’alternance entre les parties mid-tempo (le groove parfait de « Awakening From Secular Slumber ») et les dérouillages à grande vitesse, le chant riche en textures parfaitement calé tout le temps (« Perennial Dirge » ou « Compromised Brain », punaise). C’est malin à l’extrême et ça n’a honte de rien. L’énergie est parfaite, le disque est calibré pour tourner en boucle. Il n’y a quasiment pas de tour de magie ici, juste du death extrêmement terre-à-terre, qui fascine par la beauté simple de ses codes et l’humilité de ses compositions. C’est à se demander la réception qui aurait été faite il y a trente ans à ce disque. A moins tout simplement qu’il n’ait jamais existé sans la somme de ce qui a existé justement. Un vrai grower qui derrière sa simplicité cache un magnifique terrain de jeu.