The English Riviera

Metronomy

Because Music – 2011
par Jeff, le 13 avril 2011
8

Mai 2009.Alors que Metronomy tourne inlassablement pour défendre un Nights Out couvert de louanges, Gabriel Stebbing décide contre toute attente de quitter le navire. Joseph Mount, tête pensante du projet, ne se laisse pas démonter par ce contre-temps et redistribue les cartes de son bébé. En un temps record, il abandonne la formule "tout au clavier" qui fonctionnait pourtant à merveille au profit d'un véritable groupe. Il recrute la batteuse Anna Prior, déjà apperçue aux côtés de Lightspeed Champion, et le filiforme bassiste Gbenga Adelekan. Le résultat? Pour le moins mitigé. On sent clairement que Nights Out et son prédécesseur, le moyen Pip Paine (Pay The £5000 You Owe), ont du mal à s'adapter à cette nouvelle configuration. S'en suivent des concerts poussifs qui ne poussent pas vraiment à l'optimisme.

Avril 2011. The English Rivieira est dans les bacs et on comprend vite que Joseph Mount est un type très perspicace et que son projet Metronomy est bien plus qu'un buzz éphémère. L'homme a des bonnes idées à la pelle et une vision. Ainsi, à l'electro-pop bancale de Nights Out, le producteur oppose sur ce troisième album une pop so(m)bre et cotonneuse dont la profondeur ne laissera pas indifférent. Il y a quelques mois déjà, alors que filtrait les premières lignes de basse de l'hypnotique "She Wants", on sentait que Metronomy nous mitonnait quelque chose de savoureux, et les dix autres titres de The English Riviera ne font aujourd'hui que confirmer cette première impression. Dans la presse, le bassiste Gbenga Adelekan  avait su faire monter la sauce en annonçant ce nouvel album comme un disque à la croisée des chemins entre Daft Punk et The Eagles. Passées les premières écoutes, si on comprend vite qu'il s'agissait là d'un raccourci un brin racoleur, on réalise aussi qu'il y avait une part de vérité dans ces déclarations – même s'il convient d'ajouter une bonne lampée de The Cure période Seventeen Seconds à la recette concoctée par le groupe anglais pour commencer à se rapprocher de la vérité.

Ainsi, là où Nights Out permettait à Metronomy de démontrer qu'il avait tout d'une sacrée bande d'entertainers, The English Riviera est taillé sur mesure pour enfin révéler les talents de songwriter d'un Jospeph Mount qui se plaît à jouer ici les chefs d'orchestre malicieux. Tout ici est calculé au millimètre près et révèle un véritable travail d'orfèvre dans les constructions et la production. Et à ce petit jeu-là, aucun terrain de jeu ne semble effrayer Mount et ses acolytes: jonglant allégrement entre pop pleine de candeur et de légèreté (mention toute spéciale à l'immédiat "Everything Goes My Way", en duo avec Anna Prior), post-punk glacial, soft rock moelleux à souhait et synth-pop mélancolique, le groupe trouve de bout en bout de ce disque un bel équilibre que de rares titres un peu moins accrocheurs viennent perturber – on pense notamment au faiblard "Some Written" et à l'hors-propos "Loving Arm" qui ressemble plus qu'autre chose à une chute de studio de Nights Out.

Heureusement, ces maigres accidents de parcours ne parviennent pas à altérer l'impression générale laissée par The English Riviera, à savoir celle d'un disque qui trouve sa plénitude dans une certaine forme de sobriété que l'on ne soupçonnait pas dans le chef d'un groupe qui s'est fait découvrir en faisant joujou avec des ampoules scotchées au tee-shirt. Mais ne dit-on pas que la capacité de se réinventer est la marque des grands?

Le goût des autres :
9 Thibaut 9 Laurent 8 Tristan 6 Maxime 8 Yann