The End Of a Summer
Julia Hülsmann Trio
Longtemps effacée par des chanteuses aux voix plus belles les unes que les autres, la pianiste Julia Hülsmann signe son premier album instrumental chez ECM. Elle décide de s’affranchir du jazz vocal pour mieux mettre en valeur ses compositions. Accompagnée par le contrebassiste Marc Muellbauer et le batteur Heinrich Köbberling, Julia Hülsmann livre un album maîtrisé. Le trio se connaît depuis 1997. Les placements sont au point. Tout au long de l'album, on perçoit cette complicité dans le jeu. Tout en pudeur, elle distille un jazz délicat, voire éphémère. Sur les 10 titres de The End Of a Summer, 6 sont composés par la pianiste. Cette dernière a en effet été chercher le talent de ses acolytes sur trois titres ("Konbanwa", "Where in the World" et "Last One Out"). 6+3=9 me direz-vous. D’où vient donc le dixième titre ? Et c’est là que la pianiste surprend : Seal. Oui, vous avez bien lu : Seal. Avec son tube "Kiss from a Rose", Julia Hülsmann s’autorise un petit écart dans la pop d’une manière originale. Et réussie.
L’entrée en matière de l’album n’est pas tonitruante, certes, et pourrait potentiellement endormir certains auditeurs. Heureusement , avec "Last One Out" et "Quint", le rythme s’accélère légèrement. La batterie de Heinrich Köbberling se dandine, parfois trottine. La contrebasse, quant à elle, développe une certaine rondeur brute, qui confère à l'album une certaine solidité. Le jeu de Julia Hülsmann est mesuré, épuré, léger. Les thèmes sont bien identifiables, ce qui donne à The End of a Summer une ouverture réelle à la musique de l'Allemande. La pianiste ne cherche pas à enchaîner les performances techniques, mais à trouver une identité à sa musique. Tout n’est pas aussi réussi que "The End Of a Summer" ou "Konbanwa", mais The End of a Summer mérite qu’on y prête une oreille attentive.