The Dusk In Us
Converge
Difficile d’éviter les superlatifs lorsque l’on aborde le parcours et l’histoire de Converge. Depuis plus de 20 ans, le groupe du Massachusetts règne sans partage sur la scène hardcore / metalcore à coups d’albums et de prestations scéniques incendiaires. Converge est depuis longtemps dans une confortable position d’intouchable, et rares sont ceux qui peuvent encore émettre des doutes sur le niveau d’excellence qui entoure chacune de leur sortie.
Cinq ans depuis All We Love We Leave Behind et un retour aux affaires qui ne laisse planer aucun doute: Converge est à nouveau en total contrôle sur ces 13 nouveaux titres. La recette est souvent la même mais chaque album explore un peu plus encore ces recoins sombres dans lequel le groupe aime se loger depuis ses débuts. La musique de Converge est exigeante, éprouvante et viscérale. C’est à prendre ou à laisser.
L’album démarre pied au plancher, c’est une habitude, avec "A Single Tear". Un titre judicieusement choisi car il donne un aperçu d'une évolution: les bostoniens jouent une partition plus mélodique, moins complexe, bien qu'ils démontrent toujours la même envie d'alterner ambiances atmosphériques et passages belliqueux. Niveau valeurs sûres défendues par le groupe, des titres comme "Eye Of The Quarrel" et son riffing vicieux, le suffocant "I Can Tell You About Pain" ou "Broken By Light" montrent que Converge continue d’arroser son hardcore de passages metal et de breakdowns dévastateurs. Nate Newton, Kurt Ballou et Ben Koller livrent une prestation d'ensemble carrée, particulièrement remarquable sur le single "Under Duress" ou l’atypique "Arkhipov Calm".
Si la voix de Jacob Bannon devait autrefois être prise comme un instrument à part entière, surnageant au milieu de ce déluge d’agressivité, la donne a changé. Les cris primitifs sont toujours bien présents mais depuis son aventureuse escapade avec Wear Your Wounds, on n’avait pas entendu le frontman mettre autant son organe au centre des débats et avec une telle ampleur. C’est notamment le cas sur "The Dusk In Us", pièce centrale de l’album, qui fait étalage en 7 denses minutes de la maestria du groupe. Avec sa structure ascendante et son tempo pesant, Converge y dévoile la quintessence de sa musique. Abrasif comme jamais sur le parpaing grindcore "Cannibals", le quartet conclut ces 43 minutes d'agression avec un détonnant "Thousands of Miles Between Us" et sa vibe americana sinistre, puis par un monstrueux "Reptilian", coup de massue final tellement représentatif de ce dont la bestiole est capable.
Seul le temps nous dira quelle place occupera The Dusk in Us dans la majestueuse discographie du groupe. Les quatre tauliers ont toujours eu cette faculté à surprendre sans s’écarter de leurs racines. Ce nouvel album, efficace et complet, ne déroge pas à la règle. Toujours aussi inspiré, Converge réinvente une fois de plus sa musique sans perdre de vue ce qui constitue son essence. Une constance et un savoir-faire uniques qui font de Converge la référence ultime du genre, et pour longtemps encore. C’est qui les patrons ?