The Blueprint 3

Jay-Z

Atco – 2009
par Soul Brotha, le 14 septembre 2009
7

Le hip hop est finalement devenu une musique très prévisible et pas loin d'être un peu ennuyeuse. Le backpacker se contente aujourd'hui d'attendre les sorties grand public (celles que l'on appelle "mainstream") et de surveiller les éventuels newcomers sortant un album surprise. Jay-Z, bien évidemment, fait partie de la première catégorie. Il est un mastodonte, la dernière superstar à peu près indiscutable et à ce titre, la sortie de The Blueprint 3 est un évènement.

Le délicat challenge de l'album mainstream est bien connu. Il consiste à satisfaire un public très (trop) large, allant du fanatique présent depuis Reasonnable Doubt (sorti il y a 13 ans, déjà) à l'amateur plus occasionnel souhaitant prendre la température du hip hop en écoutant le tout meilleur rappeur en activité. Pour réussir ce tour de force, Shawn Carter s'est entouré de ses collaborateurs habituels: Kanye West, No I.D., Timbaland et les Neptunes.

Le premier acte de ce troisième volet du Blueprint est explosif. Les quatre premiers morceaux produits par Kanye et son compère No I.D. en mettent plein la vue, de l'intro "What We Talkin' About" au tube "Run This Town" (malgré Rihanna qui gâche le refrain avec sa voix énervante), c'est très efficace. Le rappeur de Brooklyn peut laisser libre cours à son flow plus acéré que jamais.

Le hic avec ce départ canon, c'est l'enlisement dans le corps de l'album. "On The Next One" est un morceau assez indigent (comme trop souvent quand c'est produit par Swizz Beatz) tout comme l'incursion pop "A Star Is Born". Dans l'ensemble, les morceaux produits par Timbaland oscillent de l'insignifiant ("Venus Vs Mars") au crispant ("Reminder") - il ferait peut être mieux d'arrêter de faire de l'Eurodance et de se remettre un peu en question celui-là. On trouve en revanche un regain d'intérêt à la fin du disque avec notamment l'impeccable "So Ambitious", démontrant une alchimie intacte entre le rappeur new-yorkais et les Neptunes.

Pour une grosse machine commerciale très attendue par un vaste public, Jay-Z s'en sort tout de même pas mal. Là où beaucoup se cassent les dents par les temps qui courent, Shawn Carter arrive à construire un album efficace. Entouré de ses producteurs favoris, il nous propose un disque solide et plutôt plaisant malgré de vrais moments d'ennui. Le tout est néanmoins assez impersonnel et fort peu innovant. Une constante depuis son comeback de 2006 et bien loin de la révolution sonore apportée par le premier volet de Blueprint, sorti il y a 8 ans quasiment jour pour jour.

Le goût des autres :
7 Jeff 7 Julien Gas 4 Simon 5 Laurent 8 Amaury L 6 Ruben