The Belgians
The Experimental Tropic Blues Band
En 1997 déjà, les gars de Starflam le disaient dans « Ce plat pays » : La Belgique est une « démocratie à deux vitesses, royaume froid pourri par l’argent et l’orgueil, élans séparatistes plus à la une que jamais, tout cela dans un concert des nations qui se disputent le trophée de l’immonde. » Il n’est nul besoin d’ouvrir un canard (belge ou étranger d’ailleurs) pour comprendre au moins deux choses : que le crew liégeois nous avait pondu à l’époque un tube pour un album qui n’a pas pris une ride, et que ces paroles, déjà bien ancrées dans leur époque à la fin des 90’s, résonnent avec encore plus puissance en 2014. Evidemment, les gars de The Experimental Tropic Blues Band ne pensaient pas, en prévoyant de sortir leur nouvel album au beau milieu de l'automne, que son débarquement coïnciderait avec l’entrée en fonction d’un nouveau gouvernement en Belgique, dans un climat de rancoeur, de violence et de coupes claires dans pas mal de budgets, en ce compris celui de la culture. Les Tropic eux, voulaient simplement prolonger l’aventure The Belgians entamée deux ans plus tôt lors d’une poignée de concerts avec un disque à considérer comme « une exploration, à travers le son et l’image, de la singularité, de l’absurde et du surréalisme qui façonnent ce pays aussi grand qu’un confetti. » Et qui mieux que cette bande d’illuminés pour se charger de cette bien noble entreprise ? Valeur sûre du rock belge (et tête de gondole de la scène garage noire-jaune-rouge), le trio liégeois a pris cette initiative à bras le corps et n’a pas hésité à se réinventer au passage, pour le meilleur comme pour le pire malheureusement. Le meilleur, c’est « She Could Be My Daughter », un tirade folk déglinguée qui réveille les cadavres des Modern Lovers et de Jay Reatard (et peut-être l’un des meilleurs titres écrits par les Tropic ces cinq dernières années); le pire, c’est « Belgians Don’t Cry », l’espèce de scie qui se donne des airs de Nine Inch Nails sous mauvais acide. Pour le reste par contre, on est en terrain archi-connu puisqu’on retrouve le groupe dans son habituelle configuration, c’est-à-dire un rock garage furibard et ‘in your face’, qui se nourrit du côté très Docteur Jekyll et Mister Hyde de ses deux chanteurs, l’affable Boogie Snake et le vicelard Dirty Coq. Après, si le côté surréaliste, jean-foutre et finalement assez comique de l’entreprise prend tout son sens en live (les visuels aident bien), il est ici dilué dans un album dont la Belgique n’affleure qu’à de rares moments. Après, il nous reste une initiative louable et un bon petit disque de garage. Et c’est déjà ça de pris ma bonne dame.