That's How We Burn

Jaill

Sub Pop – 2010
par Jeff, le 3 septembre 2010
6

Parler de Sub Pop, c'est parcourir quelques uns des chapitres les plus essentiels de l'histoire du rock indépendant et alternatif d'outre-Atlantique. En effet la maison de Seattle sera à tout jamais associée à des sorties aussi légendaires que le Bleach de Nirvana, le Bakesale de Sebadoh ou le Chutes Too Narrow des Shins. Du très lourd quoi. Pourtant, depuis quelques années maintenant, le label peine à se réinventer et à alimenter le mythe à coup d'album essentiels. Ainsi, exception faite du folk vespéral et tout en choeurs de Fleet Foxes en 2008, ce sont surtout des galettes réussies mais d'un manque souvent criant d'originalité qui sont venues fleurir le tableau de chasse de Sub Pop. Il y a bien un Chad Vangaalen par ci ou un un No Age par là histoire de nous rappeler que le label existe bien, mais rien qui ne laisse vraiment penser que celui-ci vit une époque formidable. Et ce n'est probablement pas avec des groupes du calibre de Jaill que la structure va retrouver son lustre d'antan.

Comprenez-moi bien, avec leur rock alternatif carré et bien ficelé, ces quatre gars de Milwaukee sont en mesure de renvoyer à leurs gammes la grande majorité des pseudos têtes de gondoles made in France ou Belgium qui nous pourrissent nos magazines, notre web ou nos ondes à longueur d'année. Mais Jaill est américain, et pour se faire une place au soleil chez l'oncle Sam, il faut avoir les reins solides, des compositions en béton armé et, ingrédient ultime, un petit truc en plus qui vous différencie de la meute. Si Jaill répond aux deux premiers critères, on a bien du mal à trouver un groupe une once d'originalité : aux petit jeu des influences, on citera les Shins des débuts, XTC, les Buzzcocks et une joli paquet de formations qui ont fait les beaux jours des fans de rock alternatif dans les années 90. Malheureusement, sur les onze titres que compte ce That's How We Burn pourtant rondement mené, ce n'est que trop rarement que les gars de Jaill semblent en mesure de venir titiller leurs modèles.

A l'arrivée, le principal problème de disque comme That's How We Burn ne réside pas dans sa qualité – on est à mille lieues du ridicule avec des titres comme « Everyone's Hip », « That's How We Burn » ou « Snake Shakes ». Le problème, c'est plutôt le fait que des disques comme celui-ci, les Etats-Unis nous en produisent des dizaines chaque année, rendant l'offre largement supérieur à la demande et le choix d'autant plus difficile. Et si quelques rares veinards parviennent à mettre tout le monde d'accord sans pour autant jouer la carte du plus petit dénominateur commun, derrière il faut jouer des coudes pour ne pas terminer sa course dans un bac à soldes. Ainsi, c'est avec pour seules armes un capital sympathie certifié et un album pas dégueu pour un sou que Jaill tente de vous faire de l'oeil. C'est pas gagné, c'est certain, mais comme disait l'autre, « on sait jamais, sur un malentendu, ça peut peut-être marcher ».