Swords
Ralfe Band
Alors que pas mal de monde commençait à désespérer de voir un groupe venir concurrencer Beirut et son magnifique Gulag Orkestar sur son propre terrain, voilà que débarquent dans la plus grande discrétion les Anglais de Ralfe Band. Contrairement à ce qu’une première écoute de Swords pourrait laisser penser, Ralfe Band n’est pas une fanfare pluriethnique composée d’une bonne dizaine de membres, mais bien l’affaire de deux hommes à peine: d’un côté Oly Ralfe, tête pensante du duo et de l’autre Andrew Mitchell, multi-instrumentiste de grand talent.
Avec Ralfe Band, c’est l’assurance de partir pour un voyage agité d’une quarantaine de minutes qui emmènera l’auditeur à travers les montagnes des Balkans, les plaines arides des Etats-Unis ou les côtes ensoleillées d’Espagne avec pour guides Emir Kusturica, Will Oldham et Zach Condon. Mélange parfait de folklore européen et de folk américain, Swords séduit avant tout par la variété de ses instrumentations: accordéon, mandoline, guitare espagnole, violon ou même cloche alpine (et les yodl qui vont avec) sont quelques-uns des instruments que le groupe se plaît à mélanger pour construire des morceaux imprévisibles et aux facettes multiples. Bien servis par une production artisanale qui colle à merveille à ces ambiances festives teintées de mélancolie tzigane, les quatorze titres que comptent Swords développent une atmosphère aussi bordélique que bucolique dans laquelle l'auditeur se sent rapidement à l'aise. Ajoutez à cela des paroles aussi spéciales que la musique qu’elles accompagnent et vous obtenez un disque unique en son genre et ne semblant appartenir à aucune époque bien définie.
A l’écoute d'un disque d'une telle qualité, on se doit de féliciter – ça devient une habitude – les têtes chercheuses de chez Talitres qui ont eu la judicieuse idée d'aller chercher le groupe chez Skint Records (un label sur lequel il ressemblait à une jolie erreur de casting, perdu entre Goose et Fatboy Slim) et de donner une seconde jeunesse à cet album qui, bien que datant de 2005, n'a pas le caractère périssable d’une bonne partie des productions actuelles.