Summer In The Southeast
Bonnie 'Prince' Billy
Qu’il semble loin le temps où Will Oldham paraissait un personnage insaisissable, une sorte de mythe moderne du génie, troubadour prolifique sans cesse caché derrière de multiples pseudonymes, enchaînant les disques et les collaborations sans jamais plier devant l’industrie du disque. Non pas que le songwriter ait réellement vendu son âme au diable, mais de tournées promotionnelles presque consensuelles en projet ‘faciles’ (le vrai-faux best-of de l’an passé, Greatest Palace Music), il a clairement perdu en magie et en mysticité. Et ce n’est pas la sortie d’un album live qui risque d’inverser la tendance.
Projet bâtard parmi tant d’autres (on pense notamment aux désormais classiques disques de faces-B ou autres ‘tributes’), le live est par définition frustrant. Parce ce que compilé à partir de dizaines de concerts différents. Parce que retouché en studio. Parce que parfois même réenregistré en partie. Parce que souvent incapable de choisir entre le son de la scène et de la salle. En ce sens, Summer In The Southeast, enregistré lors de la tournée nord-américaine de Bonnie ‘Prince’ Billy à l’été 2004, sort plutôt du lot, tout polissage de dernière minute ayant été banni. Au contraire, le son de l’ensemble est plutôt brut de décoffrage, Oldham et ses musiciens choisissant de revisiter intégralement la plupart des titres. Exit les ambiances bucoliques de Ease Down The Road, exit la simplicité acoustique de Master And Everyone, l'ex leader de Palace flirte avec le grunge et se prend pour Neil Young. Un lifting surprenant mais souvent réussi et pas systématique (la noirceur de "I See A Darkness" ou "Death To Everyone" reste heureusement intouchée).
Alors oui, l’exercice reste facile et ce n’est pas cette nouvelle ballade à travers sa riche discographie qui nous rassurera sur l’avenir du bonhomme qui multiplie depuis quelques mois les collaborations avec plus (Tortoise, Carrie Yury) ou moins (le décevant Superwolf avec Matt Sweeney, qui faisait partie du groupe sur cette tournée) de réussite. Mais pour une fois qu’un live vaut le détour, on ne va pas trop faire la fine bouche.