Suicide Euphoria
Pissgrave
La logique de l’iconographie metal est simple et immuable : il faut toujours plus de percussion et de violence dans les thèmes abordés. Et dans cette course sans fin, le death metal a toujours joué les premiers de classe : des visuels porno-gore de Vulvectomy ou Cannibal Corpse aux artworks magnifiques de Mark Riddick en passant par des groupes gentiment appelés Anal Cunt, Carcass ou Funeral Rape, toute la scène n’est qu’une exagération du genre putride. Du sang, de la crotte et de l’inceste, rien n’est trop extrême pour qu’on associe l’image à la musique. Les Américains de Pissgrave l’ont bien compris et ne se privent pas d’aligner un maximum de poncifs bien gras, avec en point culminant cette pochette qui nous montre des tibias baignant dans une baignoire remplie de diarrhée. Propre. D’où notre question : si la logique veut que la musique soit le prolongement de l’image (ou l’inverse), tient-on avec Suicide Euphoria le disque le plus offensant de l’année ? La réponse est oui, 666 fois oui. Suicide Euphoria, c'est trente minutes de crasse envoyées de manière ultra-rapide, sans temps mort et (presque) sans riffs mid-tempo. Une bourrinade sans commune mesure, qui se matérialise surtout dans les gros borborygmes d'un chanteur qui hurle avec une saturation qui défie les lois de la physique – et vu les habitudes stylistiques du genre, c’est à souligner. Une marmelade de sperme qui perd occasionnellement en épaisseur le temps d’un solo basique ou d’une chevauchée presque thrash ou hardcore. C'est généralement un bref répit avant de replonger la tête dans l’huile de caca. La bouche ouverte. Suicide Euphoria divise bien entendu la critique et alors que certains y voient un disque simpliste et bien trop frontal, on y voit un disque de grindcore assurément à sa place, assumant parfaitement (et de manière extrême) toutes les prétentions du genre death. Bref, pense à sortir le papier toilette triple épaisseur, parce que ça va éclabousser.