Starflower

Magic Castles

A Records – 2015
par Nicolas F., le 25 septembre 2015
6

C'est peu dire qu'Anton Newcombe n'est pas l'archétype du mec équilibré et sain d'esprit; mais c'est assurément un homme de goût. Depuis plus de 20 ans, chaque sortie ou presque de son Hydre Brian Jonestown Massacre le confirme et porte ce sympathique névrosé au rang de grand inspirateur de la grouillante scène néo-psych.

Alors, quand Newcombe décide en 2012 de lier le destin de Magic Castles au sien en les signant sur son label A Records, on se dit qu'on flaire peut-être les dignes héritiers du maître. Tout commence donc véritablement avec un album éponyme sorti en 2012 . Puis Newcombe invite les Magic Castles en tournée. S'ensuivent un second album Sky Sounds et un split sorti à l'occasion du Record Store Day 2014.

Malheureusement, force est de constater que malgré de belles qualités et même quelques fulgurances ("Ballad Of The Golden Bird" pour n'en citer qu'une), le quintet de Minneapolis évolue toujours dans un relatif anonymat. Pour réparer cette injustice, les Châteaux magiques s'arment donc pour Starflower de tout ce qui fit et fait encore le succès des vénérables anciens (de Spacemen 3 aux Black Angels en passant par... le BJM): fuzz, voix hypnotiques et orgue farfisa, le tout emballé dans une pochette à l'esthétique hallucinatoire pour nous livrer une musique au croisement de la folk, du rock et de la pop plus que jamais branchée sur courant psychédélique.

Dès l'introductif "The One" puis sur "Hollow Man", l'ombre du mentor se fait (trop?) sentir tant il y a du Brian Jonestown Massacre en eux. Ce n'est qu'avec "Moon Dust" que le groupe semble s'émanciper en invitant l'auditeur à une petite promenade sous acide à travers un western imaginaire, dont on ressortirait un peu Lost In Space mais toujours heureux d'être là, détendu et prêt à continuer le voyage. Comme deux oasis en milieu aride, l'énergique "Ser Her Eyes In The Sky" et le (j'ose le mot) sublime "She Wore Lilacs In Her Hair" et ses arrangements délicats viennent confirmer la bonne tenue de l'ensemble.

Alors oui, on peut reprocher à Starflower de manquer d'audace et de plier sous le poids parfois trop lourd des glorieux aînés précités.  À force de jouer les bons élèves, le groupe rend finalement une copie certes de bonne facture mais manquant sans doute d'ambition. On imagine donc mal cette troisième collaboration entre A Records et Magic Castles connaître un autre sort que celui des deux précédentes si vite oubliées. Mais ne boudons pas notre plaisir immédiat d'écouter un joli album qui plaira sûrement aux nombreux fans du BJM et dont l'autre mérite aura été de nous rappeler au bon souvenir de cette fabuleuse "Ballad Of The Golden Bird".