Star Wars
Wilco
Comme le résumait le boss dans la news annonçant la mise en ligne de Star Wars, le coup de la sortie sans prévenir est plus fréquent dans le monde du hip-hop que dans celui du rock indé. C'est clair: le stratagème permet d'économiser sur une onéreuse et laborieuse campagne de pub pré-sortie, évite une fuite malheureuse trois semaines avant la sortie de l'album et génère un retentissant effet tsunami, pour peu que l'on soit un duc hautement bankable. Il va de soi que la manoeuvre ne fonctionnera pas pour le dernier EP du pauvre groupe de crust-emo de Joinville-le-Pont.
On devine que la démarche de Wilco s’inscrit dans une voie plus subtile et, au risque de nous avancer, plus honnête. Comme l’explique un fan sur la page FB du groupe, « That’s what I love about Wilco : it’s all about the music ». On est assez d’accord avec lui. Si Wilco n’est pas Beyoncé (même si le groupe a une très solide fanbase, notamment aux States), sortir 11 titres gratuits en plein mois de juillet sur son propre label (ils seront ensuite dispo de manière payante), c’est surtout pour le fun.
On ne saurait d'ailleurs douter de cette intention à l’écoute de l’album. Histoire de dissiper d’éventuelles attentes irréalistes, sans que l’on puisse véritablement parler d’album au rabais, on est clairement dans le récréatif. Ne vous attendez pas ici à tutoyer les sommets himalayens de Being There, Yankee Hotel Foxtrot, ou plus récemment Sky Blue Sky. On n’est pas dans le trek de haute montagne, mais plutôt dans la rando pépouze en bord de rivière. Un album dont la principale ambition semble avoir été celle du plaisir à jouer, en captant rapidement les étincelles qui auront jailli au passage. La production est nettement plus épurée qu’à l’habitude et ce qui surprend d’ailleurs dans cet aspect brut, c’est l’immédiateté des morceaux, qui se goûtent avec plaisir dès la première bouchée alors qu'on était habitués à devoir prendre le temps de les apprécier à leur juste saveur.
Clairement, le groupe a placé la barre moins haut sans pour autant bouder son plaisir. Et ça s’entend. C’est peut-être d’ailleurs à l’écoute de ce qui sera sans doute leur album le plus « simple » et dépouillé que l’on se rend compte à quel point Wilco maîtrise son sujet, et combien ses musiciens exceptionnels ne se reposent jamais sur leurs lauriers émotionnels, sonores ou techniques. Musicalement, ce n'est pas une révolution. On ne jugera certainement pas Star Wars à l'aune de ses prédécesseurs. Cependant, après deux albums de fort bonne facture mais clairement un cran en dessous de ses plus belles réussites et plusieurs projets annexes, on peut émettre l’hypothèse que le groupe essaie de revenir à l'essentiel : le jeu, non pollué par les délicats exercices de la composition et de l’enregistrement.