Star of Love
Crystal Fighters
Lorsque les Crystal Fighters avaient fait leur apparition sur le septième volume des compilations Kitsuné Maison, on avait rapidement compris que ces jeunes gens originaires de Navarre prenaient un malin plaisir à faire les choses différemment, quitte à déplaire aux adeptes d'un certain classicisme. Bizarre et presque dérangeant à la première écoute, leur single « Xtatic Truth » était suffisamment troublant pour qu'on y revienne à intervalles réguliers pour finalement l'adopter. Presque deux ans se sont écoulés depuis notre première rencontre avec le groupe, et force est de constater que celui-ci a bien fait son boulot. Lentement mais sûrement, le buzz a enflé et c'est aujourd'hui avec une certaine impatience que débarque enfin le premier album de ce groupe au sujet duquel on ne sait finalement pas grand chose.
Ce qu'on sait par contre, c'est qu'il a fait le pari d'enfoncer le clou sur lequel il avait commencé à taper avec « Xtatic Truth ». En effet, à l'image de ce single, Star of Love est un album qui ne laisse pas vraiment une impression agréable au terme de la première écoute: bordélique, imprévisible et extrêmement bigarré, Star of Love est un foutoir à références et l'on entend ci et là MGMT, Fischerspooner, Tunng, M.I.A. ou Empire of the Sun – quand le groupe ne nous sort pas une tripotée d'instruments basques aux noms imprononçables (txalapartas, txistus et autre ttun-ttun). Nos cinq jeunes gens se sentent même obliger de se payer une petite incursion pas vraiment réussie dans des contrées dubstep, histoire de faire comme tout le monde. Vous l'aurez compris: ce premier effort tient plus du « double Whopper avec supplément de bacon et de fromage » que de la salade légère à quelques centaines de calories à peine. Et pourtant. Oui, pourtant, il se dégage de ces onze compositions une indéniable impression de fraîcheur, et surtout une capacité à jouer avec les limites du bon goût, sans pour autant jamais les franchir bêtement – « I Do This Everyday », ses guitares pataudes et ses synthés vrillés s'imposant en plus bel exemple de ce pari risqué mais payant. Cela donne ainsi un disque imprévisible et un peu inclassable, mais regorgeant de singles potentiels.
Bref, difficile de faire plus dans l'air du temps que Star of Love. Exemplifiant à merveille les visées de cette génération d'artistes doués qui bouffent de la hype à toutes les sauces, surchargent leur disque dur de tout et n'importe quoi et se contrefoutent des codes ou des bonnes convenances, les Espagnols de Crystal Fighters nous livrent un album dont la date de péremption ne dépassera peut-être pas 2011, mais qui devrait toutefois révéler le plein potentiel de ses charmes avec le retour des beaux jours.