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Be Your Own Pet
"be your own PET is jemina and jonas and nathan and jamin and together they are be your own PET and write all of the songs." Voilà à peu près tout ce qu'il vous faut savoir au sujet de ce groupe catapulté du fin fond de son Tennessee natal sur le très chic label XL Recordings (M.I.A., Devendra Banhart, Thom Yorke, …) . Parce que finalement, on se fiche bien qu'ils bénéficient des faveurs de Monsieur Thurston Moore en personne, que leurs parents soient des vétérans de l'industrie musicale ou qu'ils aient encore l'âge de traîner dans les cours de récréation. Ce qui compte vraiment, c'est de savoir que ce premier album dont on a trop peu parlé dégage une puissance dévastatrice qui ne saurait laisser de marbre les amateurs de punk rock crasseux et hargneux.
Enregistré en quelques semaines à peine sous la houlette de Steven McDonald, bassiste de Redd Kross, on ne sait trop s'il faut qualifier ce disque de bouffée d'air frais ou de tornade oppressante. "Bouffée d'air frais" en raison du jeune âge des protagonistes - ce qui ne les empêche toutefois pas de proposer une musique décomplexée et que seraient incapables d'égaler certains vétérans du milieu. "Tornade oppressante" en raison de ce son crasseux et de ces riffs tranchants qui, dès l'épileptique "Thresher's Flail" au bien nommé "Ouch", vous prennent par la gorge pour ne plus vous lâcher pendant une bonne trentaine de minutes. Unique en son genre sans pour autant innover, Be Your Own Pet, tel un bulldozer incontrôlable, déboule avec son punk né au fin fond d'une cave aménagée ou d'un garage parental. Nous sommes en présence d'un album dégageant une forte odeur de soufre et cela tombe plutôt bien car les quatre membres du groupe semblent traîner derrière eux un lourd passé de pyromanes. Véritable allumette en chef, Jamina Pearl, version blonde et incontrôlable de Karen O., embrase en quelques couplets seulement des mélodies déjà indomptables à la base. A quelques rares moments ("Adventure" ou "Let's Get Sandy (Big Problem)"), Be Your Own Pet se plaît aussi à ralentir quelque peu la cadence et on lui trouve alors de très fortes ressemblances avec des groupes new-yorkais comme les Yeah Yeah Yeah's. Mais à l'arrivée, la musique de ces impétueux jeunes gens n'est jamais aussi jouissive que lorsqu'elle ne s'impose aucune limite et qu'elle se laisse emporter par sa fougue pour accoucher de tubes en puissance.
Aussi, difficile de dire si c'est cette arrogance juvénile ou tout simplement une maîtrise déjà impressionnante des codes en vigueur qui fait des quinze titres de ce premier album de totales réussites. J'aime à penser qu'il y a là-dedans un peu des deux et que l'on risque fort d'entendre encore parler de Be Your Own Pet à l'avenir.