Spectrum, 14th century
Final Fantasy
Il y a de ces artistes géniaux, dont la musique, inestimable, s'attache à envoûter leurs auditeurs, les immergeant dans des univers artistiques prononcés. Ces mêmes artistes qui, au nom d'une créativité sans limites, vont d'expérimentations en expérimentations, quitte à se placer en contradiction avec le mainstream ambiant. De ces artistes, un violoniste originaire de Montreal tire son épingle du jeu, et ce pour le plus grand bonheur d'un public toujours plus large. Owen Pallett, alias Final Fantasy, détient ainsi une place de choix dans le paysage musical indépendant américain. Fort de deux albums globalement encensés par la critique, He poos clouds et Has a good home, le violoniste est aussi connu pour ses nombreuses collaborations des plus prestigieuses: Arcade Fire, Beirut, The Hidden Cameras, The Last Shadow Puppets, Grizzly Bear, Great Lake Swimmers. Petit avant-goût d'un Heartland prévu courant 2009, Spectrum, 14th century ne fait que confirmer, ou plutôt asseoir la réputation du prolifique Canadien le long de cinq compositions pour le moins fidèles à l'esprit de ses deux premiers efforts.
Réalisé de concert avec des musiciens de Beirut, l'EP se caractérise par une inclination au fantastique et à l'immersif. Ainsi, le premier morceau, "Oh Spectrum", fait nécessairement penser aux compos de Danny Elfman dans un Burton des grands jours. Cet aspect purement immersif l'est d'autant plus par la présence d'échantillons sonores extraits de la nature: bruit du vent, chants d'oiseaux, de criquets, coassements. Une ambiance particulière donc, soulignée par la voix fragile d'Owen Pallett et des arrangements multi-instrumentaux (violon, percussions, cuivres) particulièrement harmonieux. Le périple continue dès lors avec "Blue Imelda", ses distorsions, ses contre-chants lointains pleins d'onirisme et la voix toujours plus entêtante de Pallett. Un morceau de bonne qualité laissant alors place à "The Butcher", titre le plus intéressant de l'album, sorte de synthèse des sonorités chères au violoniste (à noter d'ailleurs que ce morceau a fait l'œuvre d'un clip vidéo halluciné des plus étonnants). S'ensuit finalement un morceau plus dispensable puis le nocturnal "The ballad of no face", très théâtral dans sa structure mélodique dont la charge résolument dramatique reste palpable.
Spectrum, 14th century annonce sous de bons augures le prochain effort du génial violoniste canadien. L'ensemble, sans pour autant être transcendant, contient des morceaux d'une claire homogénéité qui raviront sans conteste les oreilles des fans de la première heure, tout comme les curieux et amateurs de folk psychédélique à la Joanna Newsom ou Devendra Banhart.