Sound Mirrors
Coldcut
Coldcut, le retour. Celui-ci était annoncé depuis longtemps, voilà que le jour fatidique arrive. Il faut dire qu’ils n’ont pas lésiné sur les moyens : une prestation aux Transmusicales de Rennes, une tournée de showcases (Berlin, Paris, Amsterdam et Bruxelles) et une flopée de dates annoncées pour le printemps. Tout ça accompagné de la sortie de deux singles depuis le mois de novembre : tout d’abord, l’accrocheur "Everything Is Under Control" précédant le plus reposé "Man In A Garage". Coldcut a mis tous les moyens de son côté pour assurer son retour au premier plan et renvoyer aux études tous ses concurrents. Pour ces derniers, la fin de la récréation a-t-elle sonné ?
Pour ceux qui ont raté quelques épisodes, il est bon de rappeler que Coldcut est un duo britannique qui a une place de choix dans l’histoire de la musique électronique. Formé en 1986 par Jonathan Moore et Matt Black, Coldcut va connaître un premier succès avec Hey Kids, What Time Is It ?, premier album anglais composé uniquement à base de samples. Peu après, ils lancèrent l’émission Solid Steel sur la radio pirate Kiss FM avec le succès que l’on sait. Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, nos deux hommes montèrent en 1993 l’écurie Ninja Tune qui possède aujourd’hui dans son catalogue des artistes comme Amon Tobin, The Herbaliser, The Cinematic Orchestra, Kid Koala ou encore Roots Manuva. On en oublierait presque d’évoquer leur discographie abondante (dont Philosophy, Let Us Play, Let Us Replay,…) qui regorge de titres. En guise de C.V., on a connu pire. Mais une réputation flatteuse ne fait pas tout, encore faut-il la mériter.
Pour les aider dans leur entreprise, Jonathan Moore et Matt Black ont convié une multitude d’invités sur Sound Mirrors. Et à la vue des noms, on se doute que l’album va se caractériser par un éclectisme de bon aloi. En effet, arriver à concilier sur une même plaque des artistes tels que Jon Spencer (du Blues Explosion), Roots Manuva, Annette Peacock ou John Matthias est une gageure qu’il n’est pas donné à tout le monde de tenter, encore moins de réussir. Mais n’est pas Coldcut qui veut.
Aussi varié qu’il soit, Sound Mirrors n’y perd pas en qualité car ces deux hommes savent y faire quand il s’agit de mélanger les genres. Inutile de dire que toutes les frontières explosent au gré des collaborations de choix : Roots Manuva (sur le prochain single très dancehall "True Skool"), John Matthias, Jon Spencer et Mike Ladd, Robert Owens, Saul Williams, Soweto Kinch, Mpho Skeef, Dom Splitzer et Andrew Broder. Ainsi, on retrouve Jonathan et Matt aux commandes d’une meute d’invités qui viennent greffer le temps d’une chanson leur univers respectif à celui, protéiforme, de Coldcut.
Comme un caméléon ou plutôt comme un ninja, Coldcut sait s’adapter à ses partenaires. Même si cet opus sonne comme un bilan du chemin parcouru depuis vingt ans, Coldcut ne s’arrête pas là. Car cet album frappe fort, très fort. En effet, il arriverait à réconcilier l’amateur de folk et l’aficionado d’un hip-hop dancehall sur fond de musique électronique. Ainsi, Sound Mirrors nous fait plonger dans un univers en permanente métamorphose où le mode pause n’existe plus ! D’ailleurs, il est difficile de s’attarder sur un titre en particulier car tout un chacun aura forcément ses favoris. Les miens ne correspondraient sans doute pas aux vôtres mais est-ce bien là l’essentiel ? Non, surtout que l’album est d’une excellente qualité au niveau de la production. Folk, hip-hop, rock, dancehall, électro, techno,… : tout est passé en revue par ce Sound Mirrors qui risque bien de marquer l’année 2006 de son empreinte. C'est tout le mal qu'on lui souhaite !