Songs From A Two-Room Chapel
Christian Kjellvander
Nouvelle recrue de l’excellent label Fargo, Christian Kjellvander est le dernier d’une longue lignée de songwriters nordiques qui, de St.Thomas à Nicolai Dunger en passant par Matthias Hellberg et Kristofer Astrom, ont contribué ces dernières années à donner un second souffle au folk en Europe. Fortement inspiré - à l’instar de ses pairs - par les légendes américaines du genre (Johnny Cash, Bob Dylan, Neil Young ou encore Bruce Springsteen avec lequel il partage un timbre de voix rauque), le Suédois réalise avec son premier album solo un rapt épatant, volant aisément la vedette à la plupart de ses contemporains. Il faut dire que le jeune homme n’est pas exactement un nouveau venu, ayant officié de 1997 à 2002 au sein de Songs Of Soil et Loosegoats, ainsi que sur divers projets solo plus ou moins confidentiels (que l’on peut d’ailleurs retrouver sur le double CD Introducing The Past). Sans doute ne faut-il pas chercher plus loin les raisons de l’impressionnante maturité de ce Songs From A Two-Room Chapel, véritable concentré de ce qui se fait de mieux depuis 30 ans en la matière.
Passant avec une aisance déconcertante de l’électrique à l’acoustique, d’un son nerveux à une ambiance feutrée, Christian Kjellvander n’est pas du genre à se laisser enfermer dans un schéma tout préparé, quitte à froisser les puristes du folk qui n’hésiteront pas à renier la filiation. D’ailleurs, des titres comme "Homeward Rolling Soldier" ou "Oh Night" flirtent plus qu’allègrement avec le rock et affichent fièrement la richesse de leurs arrangements, cuivres et cordes en tête. Si la forme peut surprendre par son assurance, le fond ne laisse quant à lui aucun doute sur le nerf de l’inspiration du suédois. On retrouve sur "Deliverance" le même plaidoyer des grands espaces qu’un Townes Van Zandt n’aurait pas renié, tandis que "Polish Daughter", derrière sa rythmique piquée au Boss, décrit les aspirations d’une émigrée polonaise de deuxième génération, tiraillée entre ses origines et sa terre d’accueil. Le tout étant en outre porté par des mélodies radieuses et une voix chaude et reconnaissable entre mille (qui pourrait néanmoins en rebuter plus d’un), ce premier opus dévoile un horizon limpide et lumineux pour ce grand blond au physique de jeune premier.