Songs Against The Glaciation
Get Well Soon
Il y a toujours des petits malins pour se faire remarquer… Alors que la planète tout entière s’inquiète du réchauffement climatique, Konstantin Gropper n’a rien trouvé de mieux que de mobiliser les masses laborieuses contre… la glaciation. On veut bien croire que l’hiver a été un peu plus rigoureux que les années précédentes, notamment en Allemagne d’où est originaire le jeune homme, mais de là à voir la race humaine disparaître sous une épaisse couche de glace, il y a un pas que même les plus pessimistes des météorologues ne franchiraient pas. Mais le leader de Get Well Soon, lui, n’hésite pas : on se les pèle, ça va continuer, il faut donc arrêter le phénomène à grands coups d’incantations musicales !
Difficile de savoir si le songwriter est un doux illuminé, un simple provocateur ou la réincarnation d’un shaman faiseur de pluie et de beau temps, mais toujours est-il que ces sept morceaux ont incontestablement des vertus chauffantes pour le corps et pour l’esprit. Déjà remarqué l’an passé avec un premier album haut en couleur, Rest Now Weary Head You Will Get Well Soon, cet EP vient confirmer de manière éclatante ce que l’on soupçonnait déjà : Konstantin Gropper est un homme-orchestre doublé d’un véritable génie. Ajoutez à cela un brin de mégalomanie et une propension aux titres à rallonge, et vous obtiendrez le mélange artistique le plus excitant depuis le premier Guillemots ou l’inusable Promenade de The Divine Comedy.
Seul (ou presque) dans son studio, le jeune Allemand a donc accouché pour la seconde fois consécutive d’une poignée de morceaux parfaits, réussissant le grand écart entre le folk orchestral ("Heading Home To The Pole" et ses gimmicks chipés à la marche impériale d’Emilie Simon), la pop taillée pour les stades et les charts (l’impeccable single "Listen! Those Lost At Sea Sing A Song On Christmas Day") et la BO de film imaginaire ("Dear Tempest-Tossed! Dear Weakened!"). Autant dire qu’après une telle démonstration de talent, la barre est on ne peut plus haut pour le prochain opus de ce gamin de seulement 26 printemps que l’on rêve déjà en digne successeur de Rufus Wainwright ou – soyons fous – Brian Wilson.