Songbook - The Singles Vol. 1

Les uns après les autres, tous les groupes à avoir émergé en pleine période britpop sortent leur best-of, symbolisant la fin d’une ère et parfois même tout simplement de leur carrière (lorsqu’ils en avaient une). En vrac, on peut citer ces derniers mois Suede, Supergrass ou plus récemment Travis et The Verve pour les plus révélateurs (on ne retiendra pas la série de disques "The Collection" qui sort depuis quelques temps en Angleterre et qui héberge déjà Cast, Dodgy ou Shed Seven). Pour le cas Super Furry Animals, la donne est un peu différente. Depuis 1996, les gallois ont toujours été considérés comme des outsiders, album après album, et ce malgré une presse dithyrambique à leur égard. Ni vraiment pop, ni vraiment rock, parfois sérieux, souvent délirants, leur univers bariolé et leur musique multicolore n’a que rarement trouvé écho en dehors du Royaume-Uni.

Cette compilation, présentée comme le premier volume d’une carrière loin d’être finie (pour une fois, on veut bien les croire), devrait pourtant convaincre leurs détracteurs les plus véhéments. En 21 morceaux, issus de leurs six albums et nombreux EPs, les Super Furry Animals démontrent que l’écriture d’une pop-song n’a plus de secret pour eux, mais également qu’en moins d’une dizaine d’année, ils ont touché à presque tous les genres. De la salsa ("Northern Lites") au punk ("God! Show Me Magic") en passant par l’électronique ("Slow Life"), la disco ("Juxtaposed With U") et le folk ("Demons"), aucun genre n’échappe à ce collectif de doux fous. A l’image de leurs visuels délirants et très souvent cartoonesques, la musique des gallois s’assume dans son délire et son auto-dérision, sans pour autant tomber dans la facilité ou la complaisance.

Si Songbook ne présente aucun intérêt pour le fan qui a suivi pas à pas la carrière du groupe, les autres pourront trouver ici quelques titres rares, comme les fantastiques singles "Ice Hockey Hair" ou "The Man Don’t Give A Fuck", l’un des meilleurs simples de la dernière décennie, ou des extraits de leur album chanté en gallois, Mwng. Bien sûr, les meilleurs titres du groupe ne sont pas forcément présents ici (on pense en vrac à "Mountain People", "The Piccolo Snare", "Night Vision" ou "Run! Christian, Run!"), mais la musique de Super Furry Animals a cette qualité de pouvoir s’apprécier autant sortie de son contexte qu’au sein de chaque album. Peu de groupes peuvent en dire autant.