Sometimes I Sit and Think, and Sometimes I Just Sit
Courtney Barnett
S'il est si difficile de parler du premier album de Courtney Barnett, c'est sans doute parce que tout est déjà dit dans le titre. C'est drôle, un peu désabusé, léger mais pas con. Bref, c'est cool, et "cool" est sans doute le meilleur mot pour décrire les 11 titres de Sometimes I Sit and Think, and Sometimes I Just Sit.
Pourtant, on ne peut pas dire que l'Australienne partait gagnante chez les gens qui, comme moi, trouvent le garage rock sous influences americana répétitif, et souvent peu inspiré. Sauf qu'une fois passé le premier titre un peu cliché, on se prend deux trucs méchamment bien foutus: le single "Pedestrian at Best" et ses riffs qui rentrent dans ton oreille pour ne plus en sortir, puis "An Illustration of Loneliness" et son irrésistible refrain pop qu'on se prend vite à chantonner dans le métro. Les textes aussi font mouche en exploitant ce qu'on pourrait considérer comme le spleen du trentenaire, mais avec une certaine distance et une ironie salvatrice.
Mais ce qui fait réellement la différence, c'est l'interprétation. Même sur des titres dont les arrangements séduisent a priori moins (genre le plus blues "Small Poppies"), la manière dont la chanteuse réussit à nous donner l'impression d'être assis dans un bar enfumé d'une station essence américaine où elle serait en train de raconter ses histoires à des vieux moustachus à chapeaux de cow-boys sauve tout.
Au final, quand on écoute Sometimes I Sit and Think, and Sometimes I Just Sit, on ne peut s'empêcher de penser aux premiers disques de The White Stripes par la spontanéité et la fraîcheur que l'Australienne réussit à imprimer dans sa lecture d'un des styles de musique populaire les plus codifiés de la musique moderne. Grâce à ça, Courtney Barnett réussit à nous faire rire de notre propre tristesse et à vaincre notre langueur en nous incitant à la paresse. Un bon disque de dimanche soir pour prendre de haut l'absurdité de nos petites vies rangées.