Sol Invictus

Faith No More

Reclamation Records – 2015
par Michael, le 5 juin 2015
6

Faith No More. L’évocation de quelques noms de groupe active chez certains sujets une dilatation des pupilles, une ouverture des maxillaires, une accélération brutale du pouls et une hausse significative de la pression artérielle. La banane quoi. Ou la patate, c’est selon que vous soyez plutôt sucré ou salé. Car avec Faith No More, il y en avait pour tous les goûts. Un groupe qui a beaucoup compté pour pas mal de monde et qui a érigé la démolition de chapelles en mode de fonctionnement. Un groupe qui a fasciné autant qu’il a fait grincer des dents, mais qui reste une référence absolue, et une claque monumentale pour ceux qui ont eu la chance de pourvoir assister à une de leurs prestations.

Il y a quelques années personne n’aurait pas misé un kopeck sur l’éventualité d’une reformation, vu les activités de chacun et notamment d'un Mike Patton résolument tourné vers la multiplication des projets et non vers le trip naphtaline; vu une fin de l’aventure qui semblait avoir laissé des traces; et vu les déclarations catégoriques de certains. Mais ces quinze dernières années nous ayant appris qu’en matière de reformation, il ne faut vraiment (mais vraiment) jamais dire jamais, l’improbable est arrivé. Et cet album en est en fin de compte une suite tout à fait logique, surtout quand ça fait quand même quelques années que tu écumes les festivals avec ton set de vieux morceaux.

Le paradoxe allant si bien à FNM, notre lecture de Sol Invictus sera elle aussi double. La première lecture se veut celle du cœur, et là il y a pas à chier des pastèques, c’est toujours un pied énorme d'entendre Patton s'amuser sur la section rythmique de Gould et Bordin. La nouveauté, c’est l’abandon des nappes de claviers pour Roddy Bottom, qui se focalise sur une esthétique plus « classique » : piano et orgue principalement. Ouais bon ils sont plus tous jeunes les gars, on va dire que c’est la maturité, ce qui par ailleurs fonctionne très bien et donne une belle couleur à l’ensemble. Ensuite la guitare reprise par Hudson se fond tout à fait dans l’ensemble et honnêtement il faudrait vraiment être une tête de pioche pour encore venir réclamer le retour de Jim Martin. En résumé, on a notre dose et même si l’album est court, il couvre une palette assez large pour plaire au public exigeant du groupe. De la lugubre entrée en matière au tubesque « Superhero », en passant par un très catchy « Sunny Side Up », les trois morceaux d’ouverture rassurent d’entrée sur la marchandise.

La deuxième écoute, celle du vieux con que nous sommes devenus, sera quant à elle plus objective et détachée. Et là, il faut reconnaître que cette résurrection a un petit goût fadasse. Pourquoi ? Et bien d’abord l’unité dont on parlait un peu plus haut, qui donne une homogénéité bienvenue mais assez incongrue pour FNM. Ce n’est certes pas un disque des Ramones, mais on n’atteint pas les sommets de folie et de grand guignolesque des classiques du groupe. On est en présence d’un album très solide, avec de bons morceaux, des mélodies et une énergie qui honorent le contrat, mais sans plus. Il n’y a pas de réelle étincelle, même si on passe un très bon moment et qu’on a plaisir à enchaîner les écoutes. Ce n’est tout simplement plus tout à fait pareil. Pas de sortie de route, on reste dans les clous avec quelques belles pointes de vitesses et deux ou trois embardées, mais ça s’arrête là.

Est-ce qu’on peut leur en vouloir ? Bah non, c’est difficile, ils font le boulot, les fans seront ravis, certains nouveaux titres fonctionneront très bien en concert, mais il ne faut clairement pas s’attendre à un nouveau Angel Dust. On en est loin, et il ne vaut mieux sans doute pas faire ce type de comparaisons. Alors vous l’aurez compris ce Sol Invictus c’est pas le grand-huit mais bon, on crachera jamais sur un petit tour en auto tamponneuses avec les copains.

Le goût des autres :
6 Yann 7 Olivier