Soap Carv
Febueder
Au sein de la sphère indie, on peut aisément classer la majorité des nouveautés selon deux types de caricatures. D’un côté, des productions toutes semblables qui se répondent ou se conforment aux vulgaires codes du genre, par l’esquisse d’une surface méditative et aérienne. De l’autre, des tentatives de distinction trop excessives pour lesquelles, par exemple, quelques aubergines percées jouent les trompettes — pendant musical de l’inutile mise à nu dont le théâtre contemporain ne cesse d’user afin de découvrir ce que le génital comporte de génie.
S’il fallait ranger Febueder dans une de ces catégories, il se situerait dans la première en reproduisant la musique d’Alt-J, moins par une similaire brume que par une démarque absolue de voix. En effet, l'atmosphérique Joe Newman se réincarne dans le chant de Kieran Godfrey, frontman du groupe naissant. Malgré cette contrefaçon mélodique et ce décalque vocal, le jeune trio parvient à se distinguer de la fameuse clique dans un premier EP, Soap Carv, qui oscille entre version blasphématoire et expérimentation élogieuse.
Avec des exécutions très classiques d'une formule guitare-basse-batterie — voire carrément basiques —, les morceaux s’écartent des schémas narratifs d’Alt-J pour suivre une progression plus brute, plus épaisse et expérimentale. Ils fluctuent par diverses ruptures plutôt que de proposer, comme leurs aînés, une unité que scindent les alternances rythmiques. Aussi, la basse particulièrement appuyée ramène l’éther et la légèreté de ces derniers dans le sensible et le palpable. Reste à Febueder de prolonger cette dynamique, tout en l’affinant, afin de sortir de cette alternative caricaturale et prendre la tierce voie du talent.