So Much Achieved. So Much Left To Do
Various Artists
Goûte Mes Disques vous a tout chroniqué : qu’il s’agisse de rock dégradé, du folk de dépressif à la pop mondialisée pour minette en manque d’orgasme sonore en passant par l’électronique de tous bords. Accueillir la cinquantième sortie du netlabel 12rec. est donc un privilège pour ceux qui apprécient notre « ligne éditoriale » d’un bout à l’autre. Et il faut dire qu’en matière de distribution gratuite de musique, le netlabel (version digitalisée du label classique, proposant à la fois son catalogue en téléchargement gratuit comme il met en vente ses copies physiques à des prix défiants toute concurrence) allemand n’a de leçons à recevoir de personne. Sa singularité ? Contenir dans ses rangs autant d’artistes qui forment un paysage qualitatif fait de folk, d’electronica, de post-rock, d’ambient ou de hip-hop. Certains le rangeront au rang de l’ « avant-pop », du « folktronica » ou du « post-hop », appelez cela comme vous voulez, l’important réside surtout dans le fait que nul ne sera déçu de ce jubilé en forme de déclaration d’amour bien sentie.
Et si rien ne prédestinait une brochette de genres aussi disparates à l’entente, il faut bien avouer que la cohérence est de tous les instants. Une cohérence due aux ambiances soignées à l’extrême et à la chaleur qui se dégagent de ces dix-sept titres aux antipodes du conformisme chiant auquel nous ont habitués les compilations qui se la jouent esprits ouverts. On soulignera donc ici les magnifiques performances de Nicolas Bernier avec sa production hip-hop minimaliste, celui de SichtBeton et de The Great Mundane rappelant quant à eux les productions de Prefuse 73 ; le folk cristallin de Werner Kitzmüller, The Sleeping Tree et autres productions étiquetées ambient abyssale (Ian Hawgood), pop-rock (kes) ou electro-pop concassée (acdBicycle, Neuf Meuf). Mais c’est définitivement dans l’ingestion globale de ce maelström musical que chacun s’épanouira, le titre d’avant préparant celui qui suivra avec une réelle audace, mêlant profondeur, éclectisme malin et sélection pointue.
Une dernière question surgit, celle de savoir pourquoi un webzine que l’on espère bien installé se met à chroniquer de la musique gratuite. Tout simplement car Goute Mes Disques ne s’est jamais lié à quiconque pour gloser de musicalité, car nous défendrons toujours les guerriers du son, même si ceux-ci officient parfois dans l’ombre d’une industrie musicale souvent ingrate avec les petites productions. Et puis tout simplement parce que leur catalogue (qui compte à l’heure une soixantaine de sorties entièrement gratuites) regorge d’albums exceptionnels, tous à portée de main. Un jubilé pareil vaut de l’or, big up !