Smokin Texas
Wacotron
Wacotron porte en lui l’ADN des plus formidables crapules du dirty south, comme Scarface, Slim Thug, Pimp C ou Bun B ; des légendes du rap qui, malgré leur immense succès commercial, ont toujours gardé un pied dans la rue, l’autre en studio.
Avec son flow impitoyable et ses textes autobiographiques qui nous téléportent dans les rues bouillonnantes de Waco, une petite ville de 130.000 habitants coincée entre Dallas et Austin, Wacotron nous fait savoir qu’il n’est pas là par hasard – “Come from the bottom, right under a basement/And this for the people that want to erase me”. Faire du rap ou du basket pour s’en sortir était la réalité de son quotidien ; mais c’est la rencontre avec Southside qui va lui permettre de réaliser son rêve de toujours. En effet, le légendaire producteur de la 808 Mafia, qui est derrière les plus grosses ogives de Future, Waka Flocka Flame, Gucci Mane et tellement d’autres, va prendre le jeune homme sous son aile et lui réserver quelques instrus dont lui seul a le secret. Aidé par la notoriété de son mentor, le premier single de Wacotron, « Cut Me Up », accumule les vues sur YouTube et les plateformes. La machine est lancée, et rien ne l’arrêtera plus. Nous voici donc, quelques mois plus tard, avec le premier disque de Wacotron entre les mains.
Smokin Texas s’ouvre sur « Air Out It », qui commence dans la douceur, avec quelques notes de piano, puis monte rapidement en pression à grands renforts de 808. Une entrée en matière irréprochable, dévoilant immédiatement tout le potentiel du Texan, qui nous scotche par sa vélocité et sa justesse au micro. « Hold Up » et « Cut Me Up » confirment ensuite notre ressenti initial : Wacotron n’est pas là pour enfiler des perles et débite ses rimes à une vitesse hallucinante. Vient enfin l’énorme torgnole qu’est « Umbrella », un street banger grassouillet en compagnie de G Herbo, produit par Marshmello, qui plaira sans aucun doute à tous les apprentis thugs qui nous lisent ; un titre de haute volée qui, accessoirement, s’exportera encore mieux que « Cut Me Up ». A noter également que Wacotron a eu la brillante idée de ne pas étirer son propos inutilement : Smokin Texas comporte 13 pistes, ce qui est largement suffisant pour un debut album, et permet surtout au disque de ne pas fléchir en intensité.
Néanmoins, sur le projet suivant, il faudra probablement penser à inviter deux trois potes dans le but de venir casser la monotonie qui peut s’installer au fil de la tracklist. Plus précisément, le flow de Wacotron parait un poil trop redondant par moments. Pour autant, rien de bien inquiétant. En effet, ce léger défaut est totalement effacé par l’immense joie d’écouter un rappeur aussi brut de décoffrage, qui porte en lui tout l’héritage du dirty south, et qui n’a pas besoin de d’ad-libs ou d’onomatopées mongolos pour briller. Comme quoi, malgré la saturation du genre, il y aura toujours des perles rares à débusquer. Notre petit doigt nous dit que celui-là pourrait vite se retrouver sur la célèbre liste des XXL Freshmen... Et ce serait une juste récompense.