Small World
Metronomy
« It feels so good to be back », mais cela faisait-il si longtemps ? Tout de même trois ans depuis 2019 et un Metronomy Forever qui sonnait comme un véritable retour en force des Britanniques. Après une période chargée pour le monde – sans blague – mais aussi pour le groupe, après une tournée, des remixes et des collaborations Joseph Mount et sa bande reviennent avec Small World, un disque qui semble aussi menu par sa durée (neuf titres pour une grosse demi-heure) que léger dans ses ambitions. On y rentre avec l’assurance peut-être naïve que Metronomy est incapable de faire un mauvais album et une méfiance envers notre propre plaisir à les retrouver coûte que coûte en studio.
C’est qu’au premier abord, Small World se montre comme un album entre le dépassement – peut-être pas utile ? - du grand mouvement qui inspira Metronomy Forever et une transition vers des espaces créatifs encore indécis. Du coup, une sorte de petit disque ? C’est vrai qu’il y a une légèreté dans Small World qui en fait un petit frère spirituel de Love Letters, la mélancolie en moins. Des morceaux assez courts, certes, mais aussi des productions particulières. Très léchées comme celles de son prédécesseur, et pour autant loin d’être parmi les plus originales de leur discographie pour certaines. On pense à un « Things Will Be Fine » dont l’ouverture pourrait être une de ces musiques de ***** qui se lance au milieu d’autre chose parce qu’une publicité te rappelle que tu ne paies pas Youtube Premium (et que ça ne risque pas d’arriver).
Cette impression générale provient aussi de ce qui fait que Small World est certainement le disque qui ressemble le moins à un disque de Metronomy, si on fait de Nights Out un album programmatique, et Summer 08 un album qui ressemblait justement trop à du Metronomy. Pas un problème en soi, vous me direz, et vous aurez raison, car les écoutes répétées y donnent plutôt l’occasion de voir que les instrumentales sont particulièrement acoustiques. Beaucoup de guitare sèche, beaucoup de piano, des batteries qui restent subtiles malgré des choix de sonorités souvent très « boîte à rythme » comme toujours, bref : on imagine Small World joué dans une petite salle, avec une sonorisation minimale et une dansabilité très réduite.
Cette légèreté qui nous donne du mal à reconnaître le groupe, c’est aussi des inspirations plus assumées, voire recherchées. On pense au fantôme de Nico sur « Hold Me Tonight », au couplet très nirvanien de « Loneliness Is Always on the Run », ou à un « I Have Seen Enough » qui conclut le disque en nous rappelant à la belle époque de Courtney Taylor-Taylor. On comprend alors mieux qu’un tel disque puisse arriver après la maturité qu’affichait Metronomy Forever. Regard en arrière, Small World n’est pourtant pas une marche avant vers la nostalgie, mais plutôt une occasion de saupoudrer de joie toutes les émotions possibles. La peur de la mort du premier titre, la rupture de « It’s good to be back », les moments de doute de « I Lost My Mind », sont autant d’oscillations radicales de nos humeurs qui auraient pu donner lieu à beaucoup plus de variations musicales il y a une décennie de cela. Mais aujourd’hui, tout se résout dans une relative similarité.
Comme le poète avec son encre et son papier, une guitare et une basse acoustiques suffisent à traiter également tout ce qu’un adulte peut ressentir. À endormir toutes les douleurs et partager toutes les craintes. Small World se fait alors le chantre de la quête de sagesse d’un groupe qui ose montrer des états de créativité qui, disons-le, ne modifieront pas le paysage musical, dans un esprit presque folk de simple poursuite d’un chemin tout tracé. Il n’y a aucun morceau culte sur ce disque, et néanmoins c’est peut-être le plus sincère jamais écrit par le groupe. Pour qui cherchera le regard de Joseph Mount en espérant y voir un confrère humain pris dans l’aventure du bonheur, c’est un disque à écouter et à réécouter, pas comme une claque dans le visage, mais comme le mot d’un⋅e ami⋅e dans sa poche, une petite joie à portée de main.