Slow Focus

Fuck Buttons

ATP Recordings – 2013
par Bastien, le 22 juillet 2013
9

Troisième album pour Fuck Buttons, et on ne va pas faire durer le suspens plus longtemps, c'est encore une fois une petite boucherie. Pour rappel, les deux efforts précédents du duo anglais avaient récolté la note très honorable de 9/10 sur ces pages, chose assez rare pour être signalée. Et encore une fois, les types de Fuck Buttons se la jouent bons élèves bien assis au premier rang qui continuent  de récolter les bonnes notes. Mais attention, on n'a pas en face de nous des premiers de la classe binoclards, suce-boules et imbuvables. Non, on tape ici dans le surdoué branleur. Mais terminons ce parallèle boiteux et revenons-en à nos moutons.

La fusion des genres est un exercice casse-gueule, et il en résulte bien souvent des collages assez dégueulasses. Les cuirs de rockeurs derrière des machines ont plus souvent abâtardi la musique électronique que grandi son aura. Mais Fuck Buttons surpasse la concurrence en ne donnant pas dans le rock teinté de musiques électroniques ou de l'electro teintée de rock. Non, ils vont bien au-delà de tout cela pour créer ce qu'un de nos rédacteurs avait astucieusement appelé du « post-rock digital ». Certes, cette dénomination peut sonner prétentieuse mais elle résume très bien l'objet musical qui s'offre une nouvelle fois à nous. Slow Focus se place dans la parfaite continuité de Tarot Sport, toujours aussi puissant et exigeant pour l'auditeur.

L'album démarre sur une grosse dérouillée noise/rock/techno, « Brainfreeze », qui remet tout de suite les pendules à l'heure. Les mecs n'ont rien perdu de leur fougue et n'ont pas niaisé durant ces quatre années qui nous séparent du précédent album. Passé ce cap, Slow Focus nous offre tout le panel habituel de Fuck Buttons: de longues plages psyché, des passages de drone maîtrisés à la perfection, des guitares épiques digne des plus grosses montées de Mogwai, des percussions technoïdes et des kilos de bidouillages électroniques. Côté production, rien à redire, la précision du son n'a d'égale que l'énergie qui s'en dégage. L'exercice est maîtrisé de bout en bout, la sauvagerie du rock est canalisée par la précision des machines tout en gardant cette touche expérimentale qui produit un son reconnaissable entre milles.

Loin d'être une redite du dernier album, Slow Focus se pense plutôt comme un prolongement et une nouvelle incursion dans des terres electro/noise inconnues. Les Britanniques ont recréé un terrain de jeux à la hauteur de leur talent où ils expriment pleinement leur potentiel à des années-lumières des putasseries electro-rock. D'accord, nous ne sommes qu'à la moitié de l'année, mais il y a fort a parier que cet album se retrouve bien haut dans nos habituels tops de fin d'année.

Le goût des autres :
9 Jeff 9 Maxime