Share
Baptiste Trotignon
Baptiste Trotignon est un des pianistes les plus enthousiasmants de sa génération et son dernier album, Share, confirme le talent que beaucoup ont vu en lui il y a plusieurs années. « Partager » oui, mais avec qui ? Avec des Américains. Et plus précisément Matt Penman, Eric Harland, Otis Brown III, Tom Harell et Mark Turner. Enregistré à Brooklyn dans un des meilleurs studios de la Grosse Pomme, Share était un disque attendu. Et l’attente valait vraiment le coup tant le dernier-né du pianiste est magnifique. Tout est classe et mesuré. Les mélodies sont simples, douces et réconcilient le jazz avec tous ses détracteurs. Les saxophones et Fluglehorn ne sont pas braillards et respectent l’intimité mise en place par le piano. La prise de son et le mixage sont d’ailleurs à souligner concernant cette ambiance réussie.
S’ils sont cinq à se partager le track-listing, la formule employée reste le trio - une formation qui habille parfaitement les compositions de Baptiste Trotignon. Les onze morceaux sont tirés du pianiste lui-même. A l’écoute de l’album, on ne perçoit à aucun moment les efforts fournis pour engendrer les titres qui le composent. On éprouve autant de plaisir à la première écoute qu’à la cinquantième. Cela ne signifie pas pour autant que cet album n’est pas complexe. Il dévoile quelques moments finement sentis. Idem concernant les improvisations des différents acteurs. Car de bonnes compositions ne sont rien sans de grands interprètes. Share réunit les deux. Une telle fusion est à saluer plutôt deux fois qu’une. Quand on pense que Baptiste Trotignon et ses complices n’avaient pratiquement pas joué ensemble auparavant, on se dit que ce disque tient du miracle. Cet album sonne comme les grands classiques du jazz. Tout semble évident, et c'est là la force de ce disque. Il participe pleinement à la démystification du jazz. Share, s’il n’est pas appelé à devenir un classique jazz, peut devenir l’album référence dans la discographie de Baptiste Trotignon.