Sex, Drums & Rock 'n' Rave
Various Artists
Sex, Drums & Rock ‘n’ Rave, un album dont le titre mériterait à lui seul un débat public. Un titre qui résume également à merveille toutes les ambitions dont s’est rapidement revêtue la déferlante du retour rave, à savoir tenter de sortir définitivement de sa marginalité en parodiant (pompeusement ?) une formule synonyme à elle seule de l’éternelle furie rock. Une prétention à première vue mal placée après seulement une malheureuse année d’existence (si on s’en tient aux premières apparitions des Klaxons dans la presse spécialisée). Une unité de temps réduite qui aurait pu être insignifiante si le parcours de la dite nu-rave avait été irréprochable, ce qui ne semble pas être le cas, à quelques exceptions près.
Plus qu’une nouvelle sortie, le label Resist nous sort le grand jeu en compilant des artistes de tous bords, à l’unique condition qu’ils soient de près ou de loin liés au joyeux monde du rock à danser. Afin d’éviter une possible déconvenue, Chris Roohan ne prend pas de risques en élargissant à son maximum sa notion de la rave. Ainsi, on se retrouvera avec étonnement les Parisiens de Justice aux cotés des petits Belges de Goose, MSTRKRFT et Digitalism en position de remixeurs. Ce qui nous surprendra beaucoup moins c’est la présence de The Presets, les ultra-buzzés Gossip et une autre foultitude de personnalités « bankable ».
Et les choses auraient pu mieux commencer pour le coup : une vilaine sirène ô combien stéréotypée vient nous rappeler sans plus de formalités le manque d’initiative dont cette musique a toujours fait preuve. Une première indigestion qui n’aurait pas eu de conséquences douloureuses sans l’arrivée de ce « Around The World Again », réécriture douteuse de « Around The World » des regrettés Daft Punk. Et c’est avec un goût amer que l’on voyage entre des titres bien inégaux dans un bordel trop peu maîtrisé. Une technique de mix quasi inexistante, des enchaînements faits à la tronçonneuse et qui rendent l’écoute pesante. Heureusement, certains titres font figure de maigres consolations : le remix de « Standing In The Way Of Control » par Soulwax s’avère vaillant (malgré son taux élevé de popularité) , le « Down, Down Down » de The Presets n’a rien perdu de sa verve d’antan sous le travail des Allemands de Digitalism. Mais la réelle surprise viendra de ce retour en arrière osé, cette incursion bienvenue d’une rave d’un autre temps qui donne un peu de fraîcheur à une compilation manquant cruellement de renouveau.
Difficile de tirer un constat réellement positif de cet album au vu de ce qui est proposé ici, un triste constat qui laisse à penser que l’objectif visé est une fois de plus lucratif : trop d’approximation, peu de réelles surprises, bref un mix qui ne surprend qu’à trop peu de reprises et qui en garde pas mal sous la pédale. On en attendait un peu plus quand même.