Serotonin
Mystery Jets
L'avantage avec les Mystery Jets, c'est qu'il n'est pas vraiment nécessaire de suivre leur actualité à la trace. Parler du groupe de ce côte-ci de la Manche, même avec quelques semaines de retard sur la presse anglaise, n'est pas vraiment bien grave tant l'impact de la troupe en Europe continentale est pour ainsi dire nul. Ainsi, malgré un premier album prometteur (Making Dens) et un successeur (Twenty One) produit par Erol Alkan qui avait tout d'un grower méritant plus que la note prudente de 7/10 attribuée en son temps, la formation londonienne ne semble faire de vagues que dans la seule perfide Albion, où elle bénéficie d'une crédibilité certaine auprès d'une presse et d'un public qui se sont laissés séduire par une écriture qui suinte la pop par tous les pores. Par contre, en France ou en Belgique, l'électroencéphalogramme semble rester plat et les salles de concert pas bien remplies lorsque le groupe se décide à venir y prendre la température.
A ce stade du débat, on se demande surtout comment inverser cette regrettable tendance. En effet, avec Serotonin, les Mysery Jets jouent clairement la carte de la sécurité et accouchent d'une galette qui s'inscrit dans le droit fil de la pop rétro façonné avec tant d'élégance sur Twenty One. Enchaînement réussi de titres légers ne dépassant que rarement la barre des quatre minutes, ce troisième effort voit à nouveau le groupe enrober généreusement ses refrains rapidement mémorisables de claviers gouleyants évoquant sans la moindre retenue les années 80 – ce qui fait finalement des Mystery Jets un groupe complètement dans l'air du temps. Et ne vous fatiguez pas à chercher sur Serotonin la moindre once de complexité: tant sur le fond que la forme, ce disque a pour objectif unique d'enchaîner les singles potentiels et de mobiliser davantage vos guiboles que vos neurones - et des titres comme « Alice Springs », « The Girl Is Gone » ou « Dreaming of Another World » s'y attèlent avec beaucoup d'efficacité.
Evidemment, cette volonté évidente de ressusciter les 80's et de plaire au plus grand nombre ne sera pas du gout de tout le monde, et beaucoup verront dans les Mystery Jets un groupe tantôt paresseux, tantôt opportuniste – d'autant plus qu'on l'avait connu beaucoup plus aventureux et bordélique à ses débuts. Pourtant, il nous prouve une fois de plus qu'ils comptent parmi les plus fins limiers de l'écriture pop made in Britain et qu'il mérite surtout davantage d'honneurs dans nos contrées.