Semantics
Frank Shinobi
Lorsqu’on décide d’investir du temps (et parfois, oui) de l’argent dans un album, on a chacun notre petite check list de ce que l’on voudrait y trouver. Toutes les cases de ladite liste ne doivent pas être forcément cochées pour que le disque en question soit considéré comme essentiel ou parfaitement recommandable, mais parmi celles que l’on aime noircir, il y en a une qui fait généralement son petit effet sur nos cœurs de guimauve: l’évocation de souvenirs passés, qu’ils soient douloureux ou heureux. Et l’écoute ce second album de Frank Shinobi, c’est souvent l’occasion de repenser, sans nostalgie morbide aucune, à une jeunesse passée à découvrir le rock indé dans les fanzines ou sur les premiers webzines de la toile (merci Nameless et W-Fenec), à se remémorer des concerts d’exception dans des petits festoches aujourd’hui disparus (c’est à toi qu’on pense, le Rhââ Lovely Festival), à se créer un ADN musical dont on ne pourra plus jamais se départir. Cette vénération pour tout un pan de la musique indé des années nonante et deux mille, le groupe liégeois l’assume complètement, et ne cache certainement pas son admiration pour deux formations à qui il pompe pas mal de bonnes idées depuis un paquet d’années maintenant: At The Drive-In et 31 Knots. Deux groupes qui ont toujours privilégié une approche frontale de leur art, deux groupes qui ont fait énormément de bien aux scènes post-hardcore et math-rock. Avec ce second effort (que l’on attendait depuis quatre grosses années), Frank Shinobi met ainsi l’émotion au cœur (et au service) d’une musique qui se veut parfois très technique – surtout dans ses incarnations math-rock, évidemment. Passéiste mais certainement pas paresseux, Semantics est à rapprocher dans son éthique et de son esthétique du premier EP d’It It Anita sorti l’année dernière, lui aussi sur un label dont le seul nom suffit en fait à les décrire: Honest House.