Selah Sue
Selah Sue
Alors que l'Europe toute entière n'a d'yeux que pour la rondelette Adele dont le 21 est l'un des cartons du moment, la Flandre est en train de propulser sur le devant de la scène une jeune artiste capable de rivaliser avec l'Anglaise et certaines de ses camarades de jeu, Amy Winehouse ou Kate Nash en tête. Son petit nom? Sanne Putseys alias Selah Sue. Apparue dans les radars flandriens il y a maintenant deux petites années notamment grâce au single « Raggamuffin », la très jeune fille à la tignasse blonde plutôt bien fournie est aujourd'hui en train de devenir la nouvelle « it girl » des amateurs d'artistes combinant voix chaleureuse et joli minois: chouchoutée par la blogosphère (la tata paparazzée Perez Hilton l'a conviée à participer à SXSW cette année) et son label Because Music (Metronomy ou Justice) qui n'a pas hésité à sortir le portefeuille pour payer à sa nouvelle recrue un invité de luxe en la personne de Cee-Lo Green, le buzz autour de Selah Sue n'a cessé d'enfler ces derniers mois pour se concrétiser il y a quelques jours par la sortie de ce premier album éponyme qui devrait faire un carton auprès de celles et ceux qui sont déjà sous le charme des artistes citées en début de chronique.
En effet, comment ne pas craquer pour cette gonzesse dont le talent n'a d'égal que la précocité et dont la capacité à accoucher de belles ballades aux accents soul et/ou reggae est il est vrai assez saisissante? Evidemment, on parle ici d'un disque aux angles plus qu'arrondis et dont la vocation est de toucher un large public tout en accrochant au passage les amateurs de sons un peu plus complexes n'ayant pas peur de laisser parler leur côté coeur de guimauve à l'occasion. Et à ce petit jeu, Selah Sue est plutôt douée, même si on peut lui trouver deux petits défauts. Le premier étant peut-être de ne pas vraiment savoir sur quel pied danser. On le sent très souvent sur ce disque, la fond de commerce de la jeune Flamande n'est pas bien noble. On a même l'impression que celle-ci a passé le plus clair de sa jeunesse à reprendre à la guitare des tubes de Bob Marley ou Jeff Buckley devant des potes médusés ne pensant qu'à se torcher à la sangria bon marché et à pécho la jolie Sanne. Cela donne parfois un sentiment de produit un peu bâtard et pas vraiment en adéquation avec une production qui se voudrait très léchée et « soulful ». Ensuite, il manque à Selah Sue ces fêlures qui font d'une Adele ou d'une Amy Winehouse des artistes capables de véhiculer des émotions très fortes avec beaucoup de simplicité.
Malgré tout cela, il faut toutefois reconnaître à Selah Sue un talent certain et un potentiel énorme qui pourrait faire de la jeune Belge une artiste véritablement reconnue à l'international si ceux-ci sont exploités à leur juste valeur par les bonnes personnes. Disons que si un Mark Ronson de la grande époque (celle de « Rehab » par exemple) pouvait passer par là et qu'un type mal intentionné pouvait briser le coeur de Selah Sue et la plonger dans une dépression carabinée, son prochain disque pourrait être une véritable tuerie. Et pour une fois, l'expression « c'est tout le mal qu'on peut lui souhaiter » prend tout son sens...