See Mystery Lights

YACHT

DFA – 2009
par Jeff, le 4 novembre 2009
8

En 2007 et en 2008, il fut pour ainsi dire impossible de passer à côté de l’invasion James Murphy, consécutive à la sortie et la tournée visant à défendre ce monument inébranlable de disco-dance-punk qu'est Sound of Silver. Aussi, le public pouvait légitimement penser que l’année 2009 serait ’James Murphy free’, le gourou new-yorkais ne sortant plus trop du studio où il enregistre le troisième album de LCD Soundystem dont la sortie est prévue en mars 2010. Mais c'était sans compter sur les assauts stratégiques menés par le label DFA Records que Murphy a lancé en 2001 avec Tim Goldsworthy (co-fondateur de Mo’Wax) et le manager Johnathan Galkin. En effet, l'année n'avait pas trop mal commencé avec The Future Will Come, deuxième album des mésestimés The Juan MacLean qui, à défaut de convaincre sur la longueur, pouvait se targuer de se terminer sur l’un des meilleurs singles de l’année, l’interminable hymne disco-house « Happy House ». Mais voilà que débarque YACHT, duo fantasque, et on se dit que pour DFA Records, cette année sera à nouveau placée sous le sceau de l'insolente réussite.

Derrière cette pochette pour le moins énigmatique se cache en fait un personnage qui a déjà pas mal roulé sa bosse. En effet, YACHT, c’est avant tout le projet de Jonathan Warren Bechtolt, un jeune dandy originaire de Portland que nos lecteurs les plus gourmands ont peut-être déjà croisé au sein de The Blow, duo electro-pop qui avait sorti l’excellent Paper Television sur Tomlab en Europe et qu’il a quitté en 2007. Mais depuis 2003, notre homme enregistre aussi sous le pseudonyme YACHT des vignettes disco-pop qui n’ont pas tardé à attirer l’attention de James Murphy qui a ainsi invité l’artiste à sortir son deuxième effort sur DFA. Evidemment, il s'agit là du genre de transfert qui garantit une couverture médiatique inespérée pour un artiste et Bechtolt ne se prive pas de remercier James Murphy en faisant prendre à plusieurs morceaux du disque la forme d'hommages aux plus belles heures de LCD Soundsystem - sur les huit minutes extatiques de « It’s Boring / You Can Live Anywhere You Want » ou sur un « Summer Song » qui n’aurait pas démérité sur Sound of Silver.  Ceci étant, on a du mal à penser que Jonathan Bechtolt eut rencontré un tel succès critique s’il n’avait pas décidé de faire participer à son projet la mignonne Claire Evans, qui vient poser sa douce voix sur See Mystery Lights. Véritable alter ego féminin de Jonathan Bechtolt et complètement en phase avec les délires sonores et vocaux de son homologue masculin, la blonde peroxydée apporte ce petit je-ne-sais-quoi de sensualité et de malice qui peut rendre la musique de YACHT complètement irrésistible.

Facétieux et empreint d’une sacrée dose d’ironie et de huitième degré via des paroles qui flairent bon les fumisteries new age, See Mystery Lights est à l’image de nombre de sorties estampillées DFA Records : on ressort des vieux tiroirs une foultitude de genres (new wave, post-punk, kraut et disco) et on laisse s’amuser des jeunes gens pétris de talent qui ont un don incomparable pour ratisser large et donner à l’ensemble un agréable parfum de modernité. Et forcément, quand ceux-ci ont le bon goût d’enrober le tout d’un esprit festif en diable, il devient très difficile de résister à ces dix vignettes qui sonnent comme une mise en bouche parfaite avant le plat de résistance que constituera le nouvel opus de LCD Soundystem. En attendant, cela nous laisse quelques mois pour nous imprégner de ce See Mystery Lights irrésistible...

Le goût des autres :
7 Julien Gas