Sciencing

Millionaire

Unday Records – 2017
par Gwen, le 13 juin 2017
8

Voilà bien un album que l’on attendait plus. Ce n’est pas l’envie qui nous manquait mais cela faisait un bout de temps qu’on avait abandonné la perspective de retrouver Millionaire, fantasque et fantastique pilier de l'indie rock belge qui avait laissé une bonne partie de ses neurones et de sa santé mentale dans les salons du Rancho de La Luna, studio d'enregistrement paumé du désert californien et dont le maître des lieux est un certain Josh Homme - oui, c'est bien lui qui avait enregistré et produit Paradisiac en 2005, et ensuite débauché le gourou Tim Van Hamel pour intégrer la première itération des Eagles of Death Metal.

Douze ans depuis l'inattendu virage stoner opéré sur Paradisiac donc. C'est long. Très long. Courtisé de toutes parts mais lessivé par la frénésie autour de son groupe, Tim Vanhamel avait sabordé le projet pour se mettre au vert. Et il n’était alors pas question du fameux « hiatus indéfini » qui laisse d'ordinaire une porte ouverte sur les communiqués de presse. Depuis lors, il y eut une esquisse en solo, un tas de collaboration (Magnus, Shameboy ou encore The Disko Drunkards), des groupillons balbutiants (Eat Lions, Broken Glass Heroes) et un retour furtif au sein de Evil Superstars. Et puis le single « I’m Not Who You Think You Are » est tombé dans la boîte un beau jour de printemps et on s’est dit qu’on avait finalement eu raison de brûler tous ces cierges.

Aussi imprévisible que son maître d’œuvre, Sciencing est un petit objet vicieux qui prend de la vitesse au fil des écoutes. Vanhamel y fait ce qu’il fait de mieux, c’est-à-dire tracer des lignes pour les effacer aussitôt. Ça s’adresse autant aux neurones qu’au fond de la culotte avec un détour par les jambes. Hallucination collective (« Guru’s Feet ») et ballade chancelante (« Silent River » en duo avec Clara Klein), déambulation lugubre (« Little Boy Blue ») et incantation moite (« Bloodshot »)… Groove-psyché-pop. Western et romance. Tout cela n’aurait probablement aucun sens si cela n’avait pas été tissé par le trublion en chef, le même qui semble avoir récupéré sa guitare en poursuivant le lapin blanc au fond de son trou. Sciencing est arrivé sur la pointe des pieds mais résonne longuement après son passage. Welcome back, Tim.

Le goût des autres :
7 Yann