Scandinavian Swords II
Various Artists
Il y a à peine trois petites années, le monde de la techno voyait apparaitre un nouveau pays sur ses cartes. Deux vikings nommés Varg et Abdulla Rashim, à la tête d’une structure inconnue, semblaient émerger des brumes suédoises, à l’image de productions pleines de nappes froides et d’un grain lo-fi. L’invasion Northern Electronics ne faisait alors que commencer, avec pas moins de 29 plaques au compteur aujourd’hui avant l’arrivée de ce Scandinavian Swords II. Faisant suite à une compilation confidentielle de 20 minutes, la sortie est ici autrement plus imposante avec plus d’1h30 de musique.
Et rien qu’à voir la tracklist, on sent immédiatement que Northern Electronics tente de passer un palier et de rejoindre le groupe des structures techno petites par la taille mais imposantes de leur notoriété (Stroboscopic Artefacts, L.I.E.S, Opal Tapes). Collaborations entre les deux tauliers (qui signent également chacun un titre en solo), anciens de la structure (Acronym, Korridor) et présence de deux gros noms (Neel et Evigt Mörker), voilà qui devrait annoncer une belle brochette de DJ tools taggés 'deep techno'. Et de ce point de vue là, la compilation tient globalement ses promesses avec quelques morceaux hyper efficaces, notamment grâce à un Acronym encore une fois très en forme. Honnêtement, on s’apprêtait déjà à la ranger dans nos disques techno solides de l’année, et à vous vanter une fois encore la Suède, ses paysages, ses Krisprolls et ses producteurs.
Mais c’est en replongeant dans le back catalogue de NE que l’on s’est rendu compte qu'il y avait une couille dans le potage: il y a désormais un 'son Northern Electronics' bel et bien établi. Là où chaque producteur arrivait à garder son identité propre malgré une certaine unité stylistique, les différences de style entre les productions semblent ici complètement lissées, notamment à cause des nouveaux venus. Auteurs de productions parfois complètement anecdotiques qui s’insèrent comme des Lego dans un cahier des charges hyper strict, on en vient à se demander quelle est la valeur ajoutée de leur présence, si ce n’est à servir de transition entre deux vrais bons morceaux. On a donc droit à quelques passages de brise polaire et de kicks dans le vent, comme sur le morceau de Fatal notamment, qui semble accepter sans rechigner de ne rien faire pendant 3 minutes.
On retrouve finalement sur Scandinavian Swords II ce qu’on reproche souvent aux disques de Posh Isolation, à savoir cette volonté de proposer avant tout une esthétique en lieu et place de compositions solides. Sans les accuser d’avoir vendu leur âme (il suffit d’écouter le "Silver Lake" de Varg pour se convaincre du contraire), on a quand même un peu l’impression que Northern Electronics est rentré dans le rang. On n’échappe visiblement pas à son destin de viking.