Santa Sauce

Hamza

indépendant – 2016
par Tariq, le 12 janvier 2017
7

On fait fausse route quand on cherche à comparer Hamza à l'Américain Young Thug. Il faut bien comprendre que, dans sa tête, le gamin de Laeken est Usher. Rien ne l'amuse plus que de jouer avec les notions de tubes, de pop (ici, il reprend le refrain du "Love Lockdown" de Kanye et du "Work" de Rihanna) pour créer des pièces complètement expérimentales. Ni trap, ni turn up, ni R&B, le H continue à mettre au point sa propre esthétique musicale. Un genre qui, si on devait le nommer, pourrait répondre au nom d'acid soul; des ballades amoureuses pour les cœurs engourdis.

Sur Santa Sauce, il se fait plus éthéré, irréel, psychédélique que jamais. Si cette nouvelle tape, sa troisième en 6 mois, n'a pas la force narrative de Zombie Life (l'inaugural "Lever Du Soleil" qui se referme sur une nouvelle "Nuit de Folie", la couleur très new jack swing du cœur du projet, le dernier tiers résolument plus sombre), elle est une nouvelle démonstration de l'incroyable run créatif que connaît le Bruxellois actuellement. De cette collection de titres inédits, on retiendra tout particulièrement "Shine", produit par le décidément bouillant Myth Syzer; l'ovni "Habibi", sorte de pendant oriental à son déjà culte "Cuba"; et "Confessions Part. 1". 

Sur ce dernier, il aborde les relations amoureuses avec plus de complexité qu'à l'accoutumée : "Tu m'affoles mais j't'en donne pas l'impression (...)/ On a vécu du love mais tu m'as noyé dans tes questions", chante-t-il. Au fil des projets, Hamza dissémine des indices nous laissant penser qu'il est peut-être beaucoup plus que le lutin lubrique et misogyne de ses premiers morceaux. Sur "Ghetto", présent sur l'EP New Casanova, il surprenait déjà avec un mystérieux aphorisme : "Toutes les meufs dans mon hood veulent un mec qui les fera sortir du ghetto/Tous les mecs dans le club veulent une meuf qui veuille rentrer à la maison".

Un jour Hamza se transformera en crooner envoûtant et cybernétique, capable de chanter les sentiments tout en nuances et sensibilité. En fait non, c'est déjà le cas sur ce Santa Sauce. Et il serait dommage de passer à côté.