Sand
Balthazar
En à peine quatre albums, Balthazar est passé de révélation flamande à valeur sûre de la scène européenne (comprenez non anglo-saxonne) en se débarrassant à chaque fois des étiquettes ou des comparaisons (dEUS, Tindersticks, The National). Et si la bande de Courtrai a su fédérer à chaque fois plus de monde autour d’elle, elle le doit autant à sa volonté de renouveler ses propositions qu’à sa capacité renforcée au fil des années à décocher des tubes (dont on sait l’importance qu’ils ont dans la valorisation d’un album). Il nous semble à ce propos que Fever, sorti en 2019 et réalisé après une mitose Wahraus - J. Bernardt particulièrement enrichissante, consacrait le groupe dans ce statut de force de cohésion et de machine à titres qui font mouche.
Sans grande surprise, Sand s’inscrit dans la continuité directe de son prédécesseur. Celle d’une pop alternative qui missionne les basses, les cuivres, les synthés et surtout les voix d’insuffler un groove incandescent partout où c'est possible. Cette soif de toujours plus de sensualité (qui nous évoque par cet aspect la trajectoire des Arctic Monkeys) donne à l’album un côté immédiatement plaisant - et qui se plaindrait de suavité en ces temps confinés ?. Que l’on passe de la tension de "On a Roll", à la soul de "Powerless", à la générosité de "Hourglass", à la classe de "You Won’t Come Around", à la progressivité de "Passing Throug", à la langueur de "Leaving Antwerp" ou encore au côté Crooner de "Halfway", tout fonctionne avec une efficacité redoutable, devenue une des marques de fabrique du groupe.
Et autant vous l’avouer, c’est un peu ce qui nous a dérangés après plusieurs écoutes de l’album. Tous les titres de Sand vous tomberont directement dans l’oreille tant la maitrise, le dosage et ce qu'on pourrait qualifier de "science du bon goût" jaillit de chaque mesure. Mais cette force d’instantanéité est aussi une faiblesse tant le disque semble manquer de cette capacité d’envoutement qui émanait par exemple de Rats. Ça passe bien oui, mais est-ce que ça reste vraiment ? Alors oui, on a un petit goût de trop peu à la fin de Sand… parce que Balthazar est un groupe qu’on a aimé voir émerger et s’imposer et qu’on attend toujours beaucoup de ceux qu’on aime. Mais ne jouons pas les pisse-vinaigres : Sand reste un disque solide, un disque qui semble nous chuchoter en permanence "écoute comme je suis élégant, sexy et incroyablement cool", mais un disque solide. Au fond c’est le principal.