Rykestrasse 68
Hanne Hukkelberg
Révélée en 2005 avec Little Things, Hanne Hukkelberg nous revient donc deux ans plus tard avec Rykestrasse 68, du nom de son lieu de résidence berlinois, paru sur Nettwerk. Et si la jeune femme a glané au passage l’équivalent d’un Grammy Awards dans sa Norvège natale pour son nouvel album, il faut lui reconnaître le fait de s’être merveilleusement bien entourée avec les présences conjuguées de Larns Horntveth, Joken Munkeby (Jaga Jazzist), Peter Baden (Nils Petter Molvaer) ou encore Erland Dalen (Kaada). Autrement dit, quelques-uns des plus dignes représentants du pays des fjords…
Alors que le titre inaugural ("Berlin") s’avère trop lent pour être réellement plaisant, on entre dans le vif du sujet dès les premières notes du très enjoué "A Cheater’s Armoury". Il n’en faut pas davantage pour comprendre que la jolie Norvégienne nous fera visiter tant les affres d’un folk mélancolique que les facéties d’une pop orfévrée. Par ailleurs, toutes les escapades de la poupée scandinave sont accompagnées d’une once de fragilité, tant dans les mélodies que dans la voix. Tout en revisitant Bach ("Ticking Bomb") ou en reprenant les Pixies ("Break My Body"), Hanne Hukkelberg construit ses morceaux tantôt sur une simple ligne de piano tantôt au travers d’une orchestration plus conséquente. Ainsi, ce qui aurait pu ne rester qu’un ensemble de ballades lo-fi de premier ordre se transforme en un véritable univers ludique et poétique, parfois très enfantin, sur lequel semblent planer l’ombre des sœurs CocoRosie, de Joanna Newsom, de Feist ou encore d’Emiliana Torrini.
Bien qu’il baigne dans un climat hivernal, Rykestrasse 68 confirme tout le talent de cette ancienne sociétaire du prestigieux label Leaf, qui pourrait se mordre les doigts d’avoir gardé Hanne Hukkelberg en ses rangs. Car il ne faudra plus guère de temps à la Scandinave pour s’imposer comme l’une des nouvelles égéries en ce début de 21ème siècle.