Roses

The Cranberries

V2 Records – 2012
par Laurent, le 4 mars 2012
6

Quasiment vingt ans après leur tube planétaire "Zombie", voici les Irlandais de retour. Les Américains, chez qui les Cranberries ont vendu des camions entiers de disques, sont déjà excités comme des puces. On sait que ce marché est essentiel pour le groupe - pour tous les groupes irlandais d'ailleurs. Nul besoin de signaler qu'ici on n'attendait absolument plus rien de la bande à la charmante Dolores O'Riordan, qui depuis 15 ans évoquait plutôt l'ennui voire pire, la foire à la Guinness dans un quelconque pub d'un petit village irish. Qu'ils y aillent en Amérique, et qu'ils y restent avait-on envie de dire. Pour couronner le tout, la pochette de Roses évoque plutôt une affiche de western. Encore un appel du pied pour nos amis yankees?

Mais divine surprise, le sixième album studio des Cranberries se laisse écouter sans broncher (c'est déjà un exploit) et force est de constater que la voix de Dolores O'Riordan est toujours aussi ensorcelante, pourvu qu'elle soit servie par de chouettes mélodies. Ce qui, vous l'aurez compris, est ici la plupart du temps le cas. Certes, Roses n'est pas un grand disque, loin de là, mais pour un groupe tombé dans les oubliettes des hit parades et records de vente, ce retour, qui ne ressemble pas (on a bien dit ressemble) à une tentative de remplissage des tiroirs caisses, est plutôt de bonne facture. On ne s'est pas contenté du minimum syndical, c'est-à-dire de reprises à la con, des duos nazes ou de remixes bidons. Tout semble reposer sur le chant et sur une chanteuse qui n'en fait pas trop, sans oublier  ses comparses qui habillent à la perfection ladite voix. De plus, on le sait, une voix ne suffit pas (écoutez Lara Fabian ou Céline Dion pour vous en convaincre…), encore moins pour les oreilles exigeantes de chez GMD. Mais il y en a pour tous les goûts sur Roses: dans "Tomorrow" on a par exemple droit à des gimmicks vocaux assez plaisants (le "too foolish" bien placé), dans "Astral Projections" à des enchaînements intéressants, dans "Raining in my Heart" à des paroles nunuche. C'est clair, il n'y pas de tube "à la Zombie", mais, au risque de se répéter, ça tient la route.

Alors oui, on pourra toujours finasser sur les instrumentations celtiques un peu énervantes (limite évocatrices des jolies The Corrs, un défaut donc récurrent chez les belles Irlandaises), mais la production de l'expérimenté Stephen Street (The Smiths ou Blur) a réussi à ne pas en faire des éléments propagande touristique pour autant. Les ballades défilent, on aimerait les détester mais force est de constater que ce n'est pas mauvais, non. Résultat: on se surprend à se rêver gambadant avec la belle Dolores sur les plages froides de Cork. Qui avait dit qu'on vous pondrait une critique acerbe?

Le goût des autres :
2 Maxime