Rock It To The Moon
Electrelane
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le cru 2005 fut assez exceptionnel pour le petit label britannique Too Pure : le Kidnapped by Neptune de Scout Niblett, le Three Fingers des Rogers Sisters et surtout le Axes d’Electrelane furent autant de réussites à épingler au tableau de chasse de cette structure ambitieuse mais réaliste. Point d’orgue de cet annus mirabilis, la réédition du premier album des quatre filles de Brighton, Rock It To The Moon, fait en quelque sorte office de cadeau de fin d’année aux nombreux aficionados du label.
L’idée est excellente puisque ce premier effort (alors que la craquante Mia Clarke n’était pas encore un membre à part entière ou que le groupe ne fricotait pas encore avec Steve Albini) reste très proche de ce qu’Electrelane a pu produire cette année sur Axes qui était quant à lui considéré comme une rupture sèche par rapport aux compositions plus variées et légères de The Power Out. En outre, il prouve - si besoin était - l’identité forte dont les quatre donzelles peuvent se prévaloir. Et cerise sur le gateau, il permet d’appréhender avec plus de discernement encore les structures mélodiques expérimentales et très rarement vocales (les quelques marmottements de Verity Susman) que s’impose le groupe sur ce premier album. Tous les gens - c’est-à-dire pas assez - qui sont tombés sous le charme de Axes se laisseront assurément emporter à nouveau par cette fusion entre post-rock ténébreux et punk incandescent qu’incarne à merveille un titre comme « Long Dark » ; ils fléchiront devant ces longues envolées portées par une section rythmique aussi monolithique qu’hypnotisante et par un orgue farsifa duquel on exige une seule chose : qu’il soit incontrôlable.
Chose assez étonnante : alors que Rock It To The Moon est passé plus ou moins inaperçu lors de sa sortie il y a quatre ans, Axes figure quant à lui en bon ordre dans de nombreux classements de cette fin d’année 2005. Les deux albums se ressemblant en de nombreux points, c’est dire le niveau de maestria déjà atteint par ces demoiselles en 2001 ; une aisance dans l’expérimentation qui rend absolument essentielle l’écoute de ces onze brûlots mélodiques .