Richard's Revenge
Raw M.T.
Il est 4h du matin, cela fait plusieurs heures que le dj enchaîne les dj tools comme des perles. Le club est plein comme un oeuf, toi tu es plein comme une barrique. C’est encore ton boss qui va apprécier de voir ta tronche défaite lundi matin. Dans les brouillards de l’alcool, une petite voix s’élève au fond de toi, elle te susurre ces mots doux : « Rentre, espèce de con, tu vas le regretter toute la semaine, il est encore temps de quitter le navire ». C’est le tournant de la soirée, deux choix s’offrent à toi : soit brûler la chandelle par les deux bouts, remettre une tournée pour finir défracté à 7h du matin, soit filer le plus rapidement possible au vestiaire, choper ta veste et t’engouffrer dans le premier tacos qui voudra vous prendre toi et ta mine patibulaire.
Tout dépend maintenant du dj, il peut sceller ton sort avec la galette qui va te faire fuir ou rester. C’est à ce moment précis que le pousse-disque décide de lancer son arme secrète : Richard’s Revenge de Raw M.T. Un EP qui paraît d’ailleurs sur le label Lobster Theremin, au top du game. Et nom de dieu, ça faisait longtemps que tu n’avais plus entendu ça. Trois titres d’une techno lo-fi sans cesse en évolution, où les nappes atmosphériques s’entrelacent au fil des montées acid entrecoupées de hi-hats ravageurs. Giorgio Bacchin parvient à réinjecter la notion d’émotion dans une scène techno qui d’ordinaire titille davantage notre cerveau reptilien que nos petits coeurs de babtous fragiles.
Richard’s Revenge, c’est la techno anti-austérité, l’anti-thèse de cette 4/4 teutonne qui ressasse ad nauseam les même gimmicks qui te font désormais chier. Une techno chatoyante qui te permet d’arborer ton plus beau sourire sur ta face de bourré. Le producteur italien ajoute une pincée d’euphorie salvatrice dans cette soupe à la grimace qu’est devenue la techno. Au fond, rien de très étonnant lorsque l’on connaît la capacité des pensionnaires de Lobster Theremin à dynamiter les clubs et les schémas actuels.
Et toi dans tout ça ? Tu peux maintenant quitter le club, bourré mais le coeur léger.