Revengeance
Conan
On ne reviendra pas sur le fait que Conan a le nom de groupe le plus swag de la galaxie metal (avec Teeth of Lions Rule The Divine et Anal Cunt). On ne reviendra pas non plus sur le fait que le nom de Conan ne fait plus rire personne après dix ans d’activisme doom/sludge. Trois albums et un EP démentiel (le monstrueux Horseback Battle Hammer) qui ont fini de consacrer la formation de Liverpool comme un des porte-drapeaux de la scène, bien en marge des machines à buzz de chez Southern Lord, Profound Lore ou Relapse.
C’est donc avec une confiance aveugle dans le trio, remanié pour l’occasion, qu’on se lance dans ce Revengeance. Et force est de constater que si les années passent, Conan poursuit sur sa lancée: une production claire comme de l’eau de roche (le son « pourri » a été abandonné après le premier EP), un chant clair et prophétique dédoublé au moyen de chœurs plus agressifs, et une tendance à tout le temps varier les vitesses, du très lent et lourd au très rapide.
Le « son » Conan est donc bien là, et c’est une réussite en soi tellement cet ADN musical si particulier peut justifier à lui seul l’achat de toute la discographie. Un groupe en permanente évolution, dont le son s’est affiné au point de se demander ce qu’il aurait encore à proposer de neuf après la sortie des excellents Monnos et Blood Eagle.
L’ouverture de Revengeance sert d’emblée de piste crédible puisqu’on assiste à un déballage ultra rapide et massif de riffs « doomesques » sur fond de batteries presque punk. Et si Conan nous a toujours habitué à des sections de guitare bien plus nerveuses que les habituelles léthargies interminables du doom-metal traditionnel, jamais les Anglais n’avaient distribué autant de pains dans les dents, de manière aussi frontale.
Le résultat défonce, et tous les titres qui auront la chance de se voir joués de cette manière (« Throne of Fire » et « Revengeance » pour l’essentiel) sont la véritable plus-value d’un album qui aura vite fait de trop souvent jouer la sécurité d’un doom fatalement lourd et groovy. Cela n’est pas un mal en soi vu les qualités intrinsèques de la machine Conan (et cette voix, toujours), même si on aurait aimé voir l’effet d’une telle puissance de feu sur l’entièreté de l’album.