Return Of The Golden Rhodes
Baldwin Brothers, The
Quatre jeunes gens échappés de Chicago qui cumulent les collaborations avec les célèbres Mark Lanegan (Queens Of The Stone Age), Lisa Kekaula (Basement Jaxx, The Bellrays) ou encore Miho Hatori, pratiquant un généreux mélange entre funk, jazz, dance, lounge et hip-hop, il n’en fallait pas plus pour que mon enthousiasme s’enflamme à l’idée de chroniquer ce disque. The Baldwin Brothers est la sympathique fusion entre une palette de sonorités rappelant aussi bien St Germain, Stéphane Pompougnac, ou encore Herbie Hancock pour ce qui est de l’utilisation intensive du célèbre clavier Rhodes, instrument légendaire qui a fortement contribué à la renommée de la marque Fender. Sans attache définie, le groupe virevolte sans difficulté entre les styles pour passer d’une house classieuse (« Air is invisble ») à un hip-hop charnel (« A matter of time ») ou encore à des moments plus intimes en compagnie de songwriters délicats : bref, tout y passe. Si tout dans cet album semble partir dans toutes les directions, c’est du côté des sonorités qu’il faudra se pencher pour y trouver une réelle cohérence : en effet l’usage quasi permanent du clavier Rhodes, clé de voûte ici, plonge chaque production dans une terrible ambiance qui fleure bon le funk des 70’s, ce qui n’est pas pour nous déplaire. On a le sentiment que dans un tel melting-pot, chaque auditeur pourra trouver son bonheur tellement le contenu respire la mixité et l’union des genres. Au fur et à mesure que le disque avance, on sent que la machine est bien rodée, enchaînant les tubes comme on enfile un slip, tout est ici mis en œuvre pour que l’auditeur passe un bon moment au moyen d’arrangements pétillants et de sonorités electro efficaces.
A l’écoute de titres comme « When My Brothers Had A Datsun », « Bus Stop Hustle » ou « Incident In The Lab », on comprend que le groupe pourrait se révéler comme un indispensable pour nombre d’auditeurs tellement on sent ici une réelle volonté de bien faire, un souci du détail fort plaisant ma foi. C’est donc avec un certain regret qu’on voit se clore un album plein de bonnes idées, en se disant que son impact aurait pu être multiplié, mais qui plaira sûrement par sa fraîcheur et sa légèreté, sans non plus révolutionner le(s) genre(s) (5 genres à la fois, le pari aurait été osé !). Au final, ce quatuor pour le moins discret a au moins le mérite de distiller une musique fusionnelle emprunte de qualités indéniables, et c’est déjà pas mal.